C’est avec une infinie tristesse que nous venons d’apprendre le décès de Marie Pinhas-Lipstadt. Déportée à Auschwitz à l’âge de 13 ans et demi, Marie a consacré de nombreuses années de sa vie à entretenir la mémoire des victimes de la Shoah. Toute l’équipe de la Fondation Auschwitz et de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz présente à sa famille leurs plus sincères condoléances.

marie pinhas lipstadt

D’origine grecque, Marie Pinhas est née à Salonique le 6 mars 1931. Ses parents émigrent en Belgique en 1932 et s'installent à Bruxelles où son père exerce la profession de comptable.

Quand viennent l'Occupation et les ordonnances antijuives, le père décide de ne pas inscrire la famille au registre des Juifs. Marie et ses parents vivent dans la clandestinité jusqu’à ce qu’ils soient arrêtés sur dénonciation le 20 juillet 1944. Marie a 13 ans et demi. La famille est déportée à Auschwitz le 31 juillet 1944 par le XXVIe et dernier convoi de Malines. Arrivées à Birkenau, Marie et sa mère sont séparées du père, qu’elles ne reverront plus. Marie découvrira bien plus tard qu’il est décédé à Mauthausen en février 1945. Elles échappent à la sélection et intègrent Birkenau où elles restent trois mois. Le 27 octobre 1944, elles sont transférées en Bavière au camp de Landsberg – camp pour hommes – où elles sont affectées aux travaux d’intendance. Elles travaillent plus particulièrement dans les cuisines des SS. À la fin du mois de novembre 1944, elles quittent Landsberg pour un sous-camp de Dachau à Türkheim.

À la fin du mois d'avril 1945, lors de l’évacuation de Dachau, elles parviennent à s’évader et gagnent l’église du village du Türkheim où elles trouvent refuge. Le lendemain, les Américains entrent dans le village. Rapatriées par un transport de la Croix-Rouge, elles arrivent à Bruxelles le 1er juin 1945.



Il y a un mois que Marie Pinhas, repose aux côtés de son compagnon de vie, Bernard Lipstadt, décédé cinq semaines plus tôt.

Arrêtée en 1944 par la Gestapo, elle est détenue dans un premier temps à Birkenau et retrouve son humanité de façon fortuite grâce à un soldat américain qui lui procure une robe dans un magasin de Türkheim, lieu de sa délivrance en Allemagne. En 2010, elle a une ultime conversation par Skype avec son bienfaiteur.

Depuis les années 1980, Marie a témoigné sans relâche devant des milliers d’élèves et d’adultes. La dernière fois fut son intervention au Parlement fédéral en janvier 2020, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de la Shoah. Son engagement enthousiaste auprès de la Fondation Auschwitz nous manquera cruellement, ainsi que sa façon douce et attachante de raconter son histoire, qui en faisait une rescapée particulière.

À travers ce montage d’extraits de son témoignage, la Fondation Auschwitz et l’équipe de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz souhaitent lui rendre hommage, lui exprimer sa reconnaissance, et son profond respect.