flyer cine club 2016 fr

L'ASBL Mémoire d’Auschwitz a organisé en 2016 un cycle de projection de films intitulé « PASSEURS D’IMAGES », présenté au cinéma Aventure à Bruxelles.

Le thème de l'édition 2016 était « La zone grise. Héros ou criminels ? »

Plus d'informations sur le tout nouveau site de notre ciné-club : www.cineclub.brussels

Ce projet a été prévu sous forme d’un ciné-club avec quatre séances de projection de films de fiction :

 






 

IDA – Pawel Pawlikowski (2013 / Pologne / 80 min.)
ida poster
Pologne, 1962, sœur Anna, orpheline très pieuse, s'apprête à prononcer ses vœux définitifs. La Mère supérieure l'incite à sortir quelques jours de l'austère couvent où elle vit une existence de silence depuis qu'elle y a été recueillie enfant.
Elle retrouve une tante inconnue, ancienne procureure stalinienne tombée dans l'alcool, qui lui révèle ses origines juives. Toutes deux partent à travers la campagne afin de comprendre ce qui est advenu de ses parents sous l’occupation nazie. Au village où ils vivaient, l'omerta règne, nul n'avoue connaître les Lebenstein.
À mesure que le mystère se lève, Ida découvre la vie hors du couvent, la faiblesse des hommes, la musique, grâce à un groupe de jazz qui fait sonner Coltrane au fin fond de la campagne.
Avec : Agata Kulesza, Agata Trzebuchowska, Dawid Ogrodnik, Jerzy Trela...

Bande-annonce officielle

























 

SON OF SAUL (Fils de Saul) – László Nemes (2015 / Hongrie / 107 min.)
Avec : Géza Röhrig, Molnár Levente, Urs Rechn...

son of saul webLászló Nemes immerge le spectateur dans l’usine de production de cadavres d’Auschwitz. Un film sans héros, sans émotion, sans survivant. « Les Sonderkommandos sont un angle intéressant pour être notre guide en enfer. Ils sont entre les tueurs et les victimes », explique le réalisateur.
Saul travaille en enfer. Ce n’est pas une formule, une métaphore, mais la terrifiante réalité. Saul fait partie d’un Sonderkommando à Auschwitz, d’un groupe de prisonniers juifs réquisitionnés à l’intérieur de l’usine d’extermination.
Un convoi arrive. Avec les autres Sonderkommandos, Saul, le visage fermé conduit les hommes, les femmes, les enfants du train vers la chambre à gaz. « Dépêchez-vous de vous déshabiller, de prendre une douche, la soupe va refroidir. » disent les hauts parleurs qui poussent le cynisme jusqu’à ajouter : « N’oubliez pas le numéro de votre crochet. » On presse, sans ménagement, les malheureux vers la pièce fatale. Et alors qu’on les entend hurler, les nazis crient « Schnell, schnell » à leurs esclaves qui trient les vêtements, vident les poches. Après, ils entameront leur travail macabre : évacuer « les pièces » comme disent les nazis, en glissant une lanière entre les épaules des cadavres pour les tirer et puis les empiler sur le monte-charge qui conduit au crématoire où ils seront enfournés. Pendant ce temps, d’autres damnés savonnent énergiquement « la salle des douches ».
Durant ce macabre manège, Saul voit le corps d’un garçon qui respire encore. Un médecin militaire s’approche du phénomène auquel il met fin de ses propres mains. Mais cette fois le visage de Saul marque une expression, une obsession. Ce garçon, c’est son fils, prétend-il. Il est prêt à prendre tous les risques pour l’enterrer religieusement. « Tu as abandonné les vivants pour un mort », lui dit « un collègue » qui prépare une révolte. Il sait que tous les membres du Sonderkommando sont éliminés après quelques mois. Saul ne l’entend pas, sa seule idée est : trouver un rabbin.
On croyait avoir tout vu sur la Shoah au cinéma, mais avec ce premier long métrage de László Nemes, on se rend compte qu’il n’en est rien. Le jeune cinéaste hongrois expose avec réalisme le fonctionnement de l’usine de mort, s’attachant aux rouages humains qui la faisaient tourner sous les ordres crachés par les Allemands.
Comme les Dardenne collaient la nuque d’Olivier Gourmet dans « Le Fils », Nemes serre la tête et les épaules de Saul, l’emprisonne dans un cadre carré. On ne voit que ce qu’il voit, mais rien ne nous est épargné. Ni la sortie des convois. Ni la pagaille. Ni les cadences hallucinantes de l’entreprise d’extermination. Ni les vêtements qui s’entassent jusqu’au plafond. Ni les petits trafics et les petits arrangements avec les SS. Rien, pas même les camions de cendres qu’il faut vider en les jetant à grandes pelletées dans le fleuve. Nemes montre tout, et surtout ce que l’esprit avait refusé d’imaginer comme la sortie des corps de la chambre à gaz.
Mais le choc ne s’arrête pas là, il est dans l’absence d’émotion, d’héroïsme. C’est frontalement qu’on regarde fonctionner cette usine de production de cadavres, qu’on suit Saul de la chaudière au crématoire. Confronté à l’horreur du matin au soir, il s’est cuirassé de toute émotion, il est un rouage qui obéit mécaniquement aux ordres, qui évite les coups. Mais le dernier souffle d’un corps va réveiller l’humanité en lui.
László Nemes réussit la prouesse exceptionnelle d’immerger le spectateur dans cet univers infernal, en traitant notamment l’image et le son à égalité. Une image chaotique, floue et un son, assourdissant mixage du bruit du four, des cris, des ordres… « Le fils de Saul » montre qu’Auschwitz n’est pas le territoire d’héroïques survivants, ni le théâtre de l’émotion extrême, mais une usine où des hommes fabriquaient des cadavres.
Fernand Denis – La Libre

Bande-annonce officielle

Le film a gagné le Grand Prix au Festival de Cannes 2015.

 

 

DER STAAT GEGEN FRITZ BAUER (Fritz Bauer, un héros allemand) – Lars Kraume (2015 / Allemagne)

fritz bauer
Un film biographique sur l'héroïque procureur général Fritz Bauer qui, à la fin des années 1950, n’a pas confiance dans le système judiciaire de l'après-guerre en Allemagne. C’est pourquoi il décide de demander l'aide des services secrets israéliens, le Mossad, dans sa quête pour retrouver Adolf Eichmann, un des grands criminels fugitifs nazis. En faisant cela, il commet une trahison envers sa patrie. Le film dépeint aussi la répression de la prostitution homosexuelle en Allemagne, dans les années 1950 et 1960, alors que la législation nazie à l’encontre des homosexuels n’a pas été abolie.
Avec : Rüdiger Klink, Burghart Klaußner, Andrej Kaminsky...

Bande-annonce officielle








 

IM LABYRINTH DES SCHWEIGENS (Le Labyrinthe du silence) – Giulio Ricciarelli (2014 / Allemagne / 124 min.)

labyrinthe silence
Francfort-sur-le-Main 1958. Le jeune procureur Johann Radmann recherche des pièces décisives sur les camps de la mort d'Auschwitz.
Le film s'inspire de ce que l'on a appelé le « Second procès d'Auschwitz » qui visait 22 anciens SS, membres de la direction du camp de la mort et qui se déroula entre décembre 1963 et août 1965. Le personnage principal est un portrait composite de trois procureurs historiques : Joachim Kügler, Georg Friedrich Vogel et Gerhard Wiese. Des protagonistes ayant réellement existé – le procureur général juif, Fritz Bauer et le journaliste Thomas Gnielka – y sont également incarnés.
Mais le procureur doit faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d’après-guerre. Déterminé, il fera tout pour que les allemands ne fuient pas leur passé. Cette histoire constitue la suite de la chasse aux nazis qu’avait commencé Fritz Bauer.

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