Fondation Auschwitz - Sommaire et résumés du n° 122
Pédagogie
Éditorial (Frédéric Crahay)

Chroniques
  • Simplement justes ! Ils étaient Maghrébins, Arabes, Turcs, Iraniens… Ils ont sauvé des Juifs de l’extermination nazie (Daniel Weyssow)
    Une exposition de Bettina Massa née d'une rencontre à Londres avec le rabbin Nathan Levy qui en avait organisé une sur « les musulmans qui ont sauvé des Juifs de la Shoah » au Board of Deputies of British Jews, traite d'un sujet rarement abordé.
  • Les animaux et la guerre (Frédéric Crahay)
    Une exposition temporaire au Musée d'Histoire naturelle et Vivarium de Tournai qui tranche par son originalité.
  • Des témoins muets ? Les photos, un matériau d’exposition historique complexe (Karla Vanraepenbusch et Jan Julia Zurné)
    Une double exposition à la Kazerne Dossin et au Fort de Breendonk. Les photos racontent une curieuse réalité des camps.
  • The Imitation Game. Le matheux de l'ombre (Erik Machielsen)
    Le cinéma, de par son attrait pictural, sa maîtrise de la narration – fut-elle au prix d’un académisme enseigné dans les trop nombreuses écoles de cinéma – peut désormais tirer le spectateur vers le haut tout en se positionnant en très bonne place dans les cimes du box-office. Sorti en salles en janvier 2015, lauréat de l’Oscar du meilleur film la même année et disponible depuis en DVD et en Blue-ray, The Imitation Game est à classer dans cette approche salutaire qui permet au « a » du Septième Art de mériter sa majuscule.
  • The Railway Man. Haine, quelle est ta victoire ? (Erik Machielsen)
    Cinéma : Voici l’histoire vraie d’un homme qui, torturé pendant la Guerre du Pacifique apprend que son tortionnaire est toujours vivant. The Railway Man traite de la vengeance, du pardon, de l’empathie, de pas mal de choses en fait. Remarquablement interprété par Colin Firth, oscarisé pour The King’s Speech / Le discours d’un roi en 2011.
  • Post. Une pièce de Solange Nebenzahl (Daniel Weyssow)
    Théâtre : La pièce décrit, au fil de lettres rédigées par des dénonciateurs et par leurs victimes, lues par les comédiens, le processus de déportation des Juifs mis en place par l’occupant à Bruxelles au temps de la Seconde Guerre mondiale.
  • Interview d’Isabelle Blondet-Hamon (Émilie Patrie)
    Littérature : Le premier roman Le ciel de Birkenau d’Isabelle Blondet-Hamon publié en 2011 raconte l’histoire d’amour de deux femmes confrontées à la maladie de l’une d’elles, descendante de survivants de la Shoah. Ce couple affronte ensemble la maladie et, dans le même temps, le passé. Un passé douloureux et difficile à appréhender. À l’épreuve de la vie et de la mémoire, le lecteur contemporain est plongé dans un cercle intime dont l’histoire émouvante et plurielle le bouscule et lui fait prendre conscience de son rôle. Un rôle de premier ordre qui se révèle actif et coopérant comme le prônait Umberto Eco dans Lector in fabula (1979), celui de comprendre pour pouvoir transmettre à son tour. Avec sensibilité et simplicité, Isabelle Blondet-Hamon réussit le tour de force de comparer l’expérience concentrationnaire et l’expérience de la maladie : les maux des XXe et XXIe siècles. Le ciel de Birkenau est un roman d’exception qui nous amène à nous interroger sur une nouvelle forme de perpétuation de la mémoire, la représentation de la maladie et du trauma, et la conception contemporaine de la tolérance.
  • Bruxelles sous l’occupation nazie. De 1940 à 1944. Les photos inédites de Jimmy Bourgeois (Daniel Weyssow)
    Livre : Pierre Bourgeois (éd.), Bruxelles sous l’occupation nazie. De 1940 à 1944. Les détails oubliés de l’histoire de Bruxelles sous l’occupation, racontés par les photographies inédites de Jimmy Bourgeois, Lasnes, éd. Prériant, 2014.


Portfolio
 : Le centre de mise à mort de Sobibór. Le secret de la technique de mise à mort à Sobibór mis à jour (Johan Puttemans)

L'entretien : « Un entretien sur la discrimination, les choix personnels et la mémoire » : entretien avec Barbara Yellin et Alexander Korb (Fransiska Louwagie et Fabian Van Samang)
En 2014, Barbara Yelin a publié Irmina un roman graphique racontant l’histoire d’une jeune Allemande qui s’engage dans le national-socialisme. Nous nous sommes entretenus avec l’auteure et avec l’historien Alexander Korb, qui a contribué à l’oeuvre en qualité de conseiller scientifique et qui a également signé la postface.

Dossier : Révisionnisme et négationnisme
Sous la direction de Daniel Acke

  • Présentation (Daniel Acke)
  • Pourquoi les négationnistes restent dangereux (Aline Sax)
    Les négationnistes – ceux qui contestent la Shoah – ont longtemps pu diffuser leurs convictions sans être vraiment inquiétés. Pour fournir de la crédibilité à leurs convictions, ils recourent à un arsenal de stratégies qui visent à faire vaciller les vérités historiques relatives à la Shoah et à rendre leurs idées plausibles. Cet article étudie les stratégies mises en œuvre par les négationnistes et le danger qu’elles représentent pour la science historique. Aline Sax introduit le danger négationniste par un aperçu synthétique. Elle rappelle brièvement l’émergence historique du phénomène, en focalisant en particulier son attention sur le négationnisme belge et flamand, moins connu que celui d’autres pays. Elle s’attarde sur la riposte juridique au négationnisme et aux controverses à ce sujet. Après avoir défini les éléments constitutifs du négationnisme de la Shoah, elle passe ensuite systématiquement en revue les différentes stratégies utilisées par les négationnistes.
  • La pédagogie pour contrer le négationnisme (Baudouin Massart)
    Par le biais d’un compte rendu d’une récente « journée d’étude consacrée aux génocides face au négationnisme et au révisionnisme », organisée par la Cellule Démocratie ou barbarie de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Baudouin Massart propose un tour d’horizon actualisé de ces phénomènes. Il rappelle les étapes principales de la négation de la Shoah et des autres principaux négationnismes, avant d’aborder la question des moyens dont on dispose aujourd’hui pour les combattre, de même que les difficultés que soulève l’entreprise.
  • Wilhelm Koppe et Josef Oberhauser face à la justice ouest-allemande : exemples d’une première forme de révisionnisme (Sila Cehreli)
    Les suspects des crimes nazis, lorsqu’ils ont été conduits dans le cadre d’une enquête préliminaire ouest-allemande devant un juge d’instruction, ont souvent livré une version falsifiée de leur implication concrète dans l’exécution de la politique génocidaire dans les centres de mise à mort. Confrontés aux informations puisées des interrogatoires d’anciens camarades SS et aux dépositions d’un nombre restreint de rescapés, ils ont néanmoins dû modifier cette première version. Malgré l’évolution du récit forgé par le suspect en question, il est possible de noter que ce dernier ne nie pas, en principe, la réalité du génocide, mais tente plutôt de minimiser sa responsabilité dans cette politique meurtrière. Le cas de Wilhelm Koppe, chef supérieur de la SS et de la Police du Warthegau, pour Chełmno ainsi que celui de Josef Oberhauser, un exécuteur de l’Opération Reinhard, pour Bełżec seront présentés tout au long de cet article.
  • Négationnisme et erreurs historiographiques (Valérie Igounet)
    Depuis plus de quarante ans, Robert Faurisson officie dans le négationnisme. Cet enseignant de lettres, pour qui le génocide est une « sinistre farce », s’attaque à l’histoire du génocide des Juifs pour la dénaturer. Il entend mettre au jour la « tromperie » des chambres à gaz. Le négationnisme existait bien avant lui. Pourquoi ce propagandiste a-t-il réussi là où ses prédécesseurs avaient échoué ? Celui qui se fait passer pour un spécialiste de la « question des chambres à gaz » s’est avancé à visage couvert. Il s’est approprié le négationnisme sous un double angle : technique et historique. Et justement sa « méthode » de décryptage des textes et ses « références historiques » figurent au centre de son discours.
  • Négationnisme et concurrence des victimes (Valentina Pisanty)
    Cet article porte son attention sur certaines dynamiques culturelles initiées par le négationnisme dès sa première apparition sur la scène médiatique au cours de l’hiver 1978-1979, lorsqu’explosa en France le cas Faurisson. Pourquoi les négationnistes se sont-ils imposés à l’attention publique précisément à cette occasion, après trente ans d’activités souterraines ? Comment ont-ils été présentés par les médias, quel rôle ont-ils conquis sur la scène publique et comment sont-ils parvenus à élargir leur auditoire compte tenu du fait que le négationnisme avait été jusqu’alors un phénomène marginal sur le plan culturel, capable tout au plus de passionner quelques nostalgiques du nazifascisme ?
  • Laissez-nous entrer dans la maison des morts (Marie et Jacques Fierens)
    Cette contribution revient sur le génocide des Tutsi au Rwanda, et se présente comme un vibrant plaidoyer pour les victimes pour que justice leur soit rendue. Mais par la même occasion, les auteurs évoquent quelques-unes des difficultés de l’entreprise. C’est dans ce contexte qu’ils insistent sur la posture négationniste, dont ils éclairent plusieurs variantes. Ils rappellent que le négationnisme a d’abord été celui des auteurs du génocide, parallèle aux actes. Ils insistent aussi sur le rôle des instances internationales, institutions et États, qui n’ont pas évalué les faits à leur juste mesure ; enfin, ils pointent le rôle ambigu des médias occidentaux. Émerge ainsi un « négationnisme à bas bruit, quasi involontaire », préparant la « négation préméditée » des acteurs du génocide eux-mêmes. Un des mérites de cet article consiste donc à élargir le spectre du négationnisme dans le sens que nous avons indiqué plus haut. Mais les auteurs insistent opportunément sur le contexte rwandais, indispensable à prendre en compte lorsque l’on veut comprendre le développement du discours négationniste. Enfin, l’article rouvre le débat sur l’importance de la justice dans le traitement du négationnisme des génocides.

Varia

  • Enric Marco, c’est moi : El impostor de Javier Cercas (Luc Rasson)
    Avec El Impostor le romancier Javier Cercas s’intéresse de nouveau à l’état de la « mémoire historique » en Espagne. Il y retrace l’histoire d’Enric Marco, ce Catalan qui réussit à se faire passer pour un survivant du camp de Flossenbürg. Imposture qui appelle au premier abord une réaction éthique mais l’écrivain a choisi d’écrire un roman – réponse esthétique qui peut surprendre : pourquoi écrire une fiction sur quelqu’un qui a déjà été le romancier de sa propre vie ? Le roman tel que le conçoit Cercas est avant tout un instrument critique qui gratte et enlève les couches de fiction qui entourent le passé du personnage. Le choix du genre romanesque permet ensuite à l’écrivain de situer le cas Marco dans une continuité culturelle hispanique – le personnage de l’imposteur devenant un Don Quichotte ayant réussi son coup, jusqu’à un certain point du moins. Faire d’Enric Marco un personnage de roman permet enfin de s’interroger sur sa singularité. Car l’ancien président de la « Asociación Amical de Mauthausen » n’est pas le seul Espagnol à avoir embelli sa biographie durant la transition de la dictature vers la démocratie. De la sorte, le romancier critique la « Loi de la mémoire historique » de 2007 qui a donné lieu, selon lui, à une forme de kitsch historique que l’imposteur a contribué à répandre.
  • Fuir la justice. Le destin agité de Jacques Duge de Bernonville, milicien, Waffen-SS français, de l’Espagne au Brésil en passant par le Québec (1944-1972) (Bernard Krouck)
    Si le nom du milicien Paul Touvier (1915-1996) est connu du public français et européen en raison des scandales de sa fuite et de son errance protégées par certains courants monastiques de l’Église catholique française, celui de Jacques Dugé de Bernonville mériterait d’être aussi connu. Car si les « carrières » des deux miliciens sont proches, l’un, Touvier, fit le choix de rester en France tandis que son « collègue » préféra franchir les frontières, voire les océans, pour échapper à la justice de la Libération et à une peine capitale certaine. Cette histoire reste donc peu connue, sauf au Canada, et particulièrement au Québec, où elle donna lieu à de vives controverses politiques et intellectuelles, entre 1948 et 1951.
  • Concentrationary Memories. Totalitarian Terror and Cultural Resistance - Auschwitz and Afterimages. Abjection, Witnessing and Representation - Representing Auschwitz: At the Margins of Testimony de Nicholas Chare (Paul Bernard-Nouraud)
    Le volume dirigé par Griselda Pollock et Max Silverman, ainsi que celui de Nicholas Chare, issu du programme de recherche de l’université de Leeds dont cette publication parachève le travail, constitue une contribution significative aux questions liées à la mémoire artistique et culturelle d’Auschwitz ; ce que les auteurs ont nommé les « mémoires concentrationnaires ». Cette recherche collégiale et transdisciplinaire affiche en effet un objectif ambitieux, celui de cerner les façons dont un « imaginaire concentrationnaire » a informé et continue d’informer la modernité en définissant un répertoire d’images, de tropes et de formules au travers desquels ces mémoires trouvent leurs expressions contemporaines.
  • Continual Justice in Argentina: Four Wraiths of Military Rule (David M. K. Sheinin)

Laboratoire mémoriel
  • Rwanda (épisode 6) : Quand le corps est oublié. Les séquelles physiques du génocide pour les rescapés (Rémi Korman)
  • Arménie : Commémoration du génocide des Arméniens. « Cent ans après, les Arméniens n’oublient pas » (Bernard Coulie)

Librairie
  • Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-européens ? Le mythe d’origine de l’Occident (Michel Enaudeau)
  • Čolic Velibor, Ederlezi : comédie pessimiste (Pierre Vaucher)
  • Nadia Tahir, Argentine. Mémoires de la dictature (David Jurado)
  • Michael Tregenza, Aktion T4. Le secret d’État des nazis : l’extermination des handicapés physiques et mentaux (Yoann Sarrat)
  • Pierre-Jérôme Biscarat, Izieu, des enfants dans la Shoah (Colette Gutman)
  • Benoît Rayski, Stèle pour le sous-lieutenant Grunberg. Lycéen guillotiné par Pétain (Jean-Pierre Pisetta)
  • Jean Hatzfeld, Robert Mitchum ne revient pas - Étienne Montety, La route du salut (Pierre Vaucher)
  • Marceline Loridan-Ivens, Et tu n'es pas revenu (Anne Roche)
  • Patrice Perna (scénario), Fabien Bedouel (dessin), Kersten, médecin d’Himmler. Bande dessinée en deux albums (Jean-Pierre Pisetta)
  • Buckley-Zistel, Susanne, Teresa Koloma Beck, Christian Braun & Friederike Mieth, Transitional Justice Theories (Hanna Teichler)


Site mémoriel : Représentations mémorielles au Pérou : de la défense associative des Droits de l’Homme à la convocation des arts (Mylène Herry)

Cet article présente les formes que prend la mémoire d’un temps extrêmement violent, celui du conflit interne péruvien (1980-2000). Il s’agit de faire un état des moyens associatifs, institutionnels, architecturaux, artistiques et/ou discursifs mis en place pour protéger et défendre les victimes, informer la population et tenter de réparer les erreurs commises. Ainsi, les associations citoyennes – avant-gardistes dans le combat en faveur des Droits de l’Homme (1983) – apparaissent à l’origine des investigations autour de la Vérité des faits. En effet, les témoignages recensés dès les débuts de la lutte révèlent déjà, à côté de la violence sentiériste, un abus de l’autorité étatique dans ses pratiques « défensives ». Le travail de la CVR (2003) viendra conforter cette double responsabilité que les représentations mémorielles cherchent à mettre en lumière à travers des créations consacrées à cette guerre fratricide. Nous parcourrons alors Ayacucho, ses musées et ses lieux de commémoration et citerons le traitement mémoriel et testimonial de la littérature contemporaine ; enfin, nous soulignerons l’importance de l’image dans ce travail collectif de mémoire.

À lire / à voir / à suivre

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Vous trouverez ici l'ensemble des PDF des fiches et applications pédagogiques correspondantes parues dans notre revue Traces de mémoire.

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