Philippe Mesnard, Yannis Thanassekos : Témoigner. Entre Histoire et Mémoire. Revue pluridisciplinaire de la Fondation Auschwitz (PDF)

 

 

Dossier : Questions de « bourreaux »

Coordonné par Philippe Mesnard et Yannis Thanassekos

 

Philippe Mesnard : Éditorial (PDF)

 

Benoît Cazenave : La Mégère de l’Armagedon (PDF)

 

Regula Christina Zürcher : Massacreur et père : un paradoxe apparent (PDF)

 

Régine Waintrater : Les Bienveillantes, intimité forcée ou intimidation ? (PDF)

  • Le roman de Jonathan Littell, Les Bienveillantes, repose sur une stratégie émanant de son auteur et fonctionnant dans le texte même comme dispositif de séduction perverse. Pour cela, l'auteur et le récit de Max Aue (le personnage narrateur racontant sa vie dans la SS sur le front de l'Est, à Berlin et dans les camps nazis) usent à profusion de brouillages entre violence extrême, dévoiement sexuel et scènes transgressives. Le paradoxe est que ce roman fut célébré comme une nouvelle avancée dans la découverte des mécanismes de la Shoah par le prisme de la conscience d'un criminel, or les grandes enquêtes sur de réels individus coupables de tels crimes apprennent que ce personnage n'est aucunement vraisemblable. Les bourreaux ne parlent pas quand celui-ci est un grand bavard.

 

Charlotte Lacoste : De la vigilance critique (PDF)

  • Le roman de Jonathan Littell a reçu de la part de la critique française un accueil grandiose, s'imposant aux yeux de beaucoup comme le premier chef-d'œuvre littéraire du XXIe siècle. Admettant toutefois que Les Bienveillantes ne se distinguait pas par ses qualités littéraires, les critiques ont généralement mis en avant deux arguments pour justifier leur engouement : le travail documentaire d'une part, et le dispositif narratif d'autre part. Il s'agit dans cet article de livrer une analyse critique des dispositifs textuels à l'oeuvre dans ce livre, et de mettre en évidence les intertextes auxquels son auteur recourt et les stratégies de séduction qu'il déploie à l'égard d'un public qui se trouve ainsi invité à participer à une entreprise qui obscurcit la compréhension de la Shoah.

 

Pierre Ayçoberry : Autoportrait d’un fanatique en quarante mille pages : le Journal de Joseph Goebbels 1923-1945

 

Pierre Thys : Approche criminologique du criminel de guerre contemporain (PDF)

 

Laurent Thiery : La « Gestapo de Lille » (1940-1944) : histoire et représentation

  • Entre 1940 et 1944, une antenne de la Sipo-SD opère à Lille, dans le ressort de l'OFK 670, contre les Juifs et la Résistance. Malgré un effectif réduit et une importante subordination aux militaires, la « Gestapo de Lille » concentre l'image du bourreau dans la mémoire collective d'après-guerre. Au travers d'une étude de ces hommes et de leur service, la question des représentations est posée.

 

Tine Jorissen : Le Auffanglager Breendonk et le Polizeiliches Durchgangslager Amersfoort : une comparaison (PDF)

  • Le Auffanglager de Breendonk et le Polizeiliches Durchgangslager d'Amersfoort, s'ils présentent des différences (entre autres la petite taille du premier et le fait que le second ait également servi de camp de formation des jeunes recrues SS), ont en commun d'avoir eu un personnel de garde à la fois autochtone et allemand. On peut donc aisément établir des points de comparaison entre l'évolution durant le conflit du personnel (répartition des tâches, nombre...) et également des méthodes  - le plus souvent violentes - employées.
    De plus, après la libération, les principaux « bourreaux » des deux camps furent jugés et il n'est pas inintéressant de comparer aussi bien les procédures que les peines infligées, en mettant également en parallèle les réactions des opinions publiques nationales.

 

Frediano Sessi : Criminels par procuration ? Sur l'auto-administration des détenus dans les Lager (PDF)

  • La délégation de pouvoir à ces détenus, que Himmler appellera « l'armée de mes subalternes » dans un de ses discours de l'été 1944, débute au début de l'année 1933 à Dachau, avec la nomination d'un assistant (Feldwebel) de baraquement et d'un assistant aux équipes de travail (Arbeitsfeldwebel). Durant cette phase, il s'agit de criminels allemands qui reçoivent délégation de pouvoir pour l'organisation et la punition des détenus.
    Ensuite, les détenus collaborateurs sont choisis en fonction du modèle organisationnel du camp qui sera articulé autour de cinq départements (six départements à partir de 1942), ce qui donnera naissance à des personnages comme le Lagerälteste (le doyen du camp), du Blockälteste (le doyen du bloc), des Stubenälteste et du Stubendienste (serviteurs de chambre), jusqu'aux Kapos (responsables de l'équipe de travail) ou des Unterkapos, sans oublier l'armée des Schreiber (secrétaires) qui mettaient à jour les archives, ou les Interpretes (interprètes), les Laüfer (porte-ordres), les Küchekapo (détenus chefs des cuisines), ou encore les infirmiers du Revier. Il faut les distinguer des détenus des Sonderkommando (équipes spéciales) dédiées aux fours crématoires et aux chambres à gaz qui méritent un discours séparé. Comme l'écrit Rousset, ces détenus forment l'aristocratie du camp. Et malgré cela, on ne trouve pas parmi eux que des collaborateurs cruels et des assassins, mais des membres de la résistance qui luttent pour le salut d'un grand nombre de leurs compagnons, comme l'atteste aussi l'exemple de la « milice protectrice » activée par les « triangles rouges » qui faisaient office de Kapo dans le camp de Buchenwald. De nombreux actes de résistance de détenus privilégiés (généralement appelés Kapo) sont encore aujourd'hui méconnus et il n'existe à l'heure actuelle aucun récit retraçant l'histoire de la structure complexe de la société concentrationnaire, même pas au départ de témoignages des kapos eux-mêmes.

 

 

Varias

Susanne Wein : Antisémitisme dans les mouvements ouvriers des années 1920 ? Enquête sur la presse ouvrière de Brême de 1924 à 1928

 

Chris Gastmans, Maria Berghs, Bernadette Dierckx de Casterlé, Verantwoordelijkheidspraktijken en verpleegkundigen gedurende de euthanasieprogramma’s van Nazi-Duitsland (1939-1945)

  • Dans cet article, nous abordons le contexte des décisions morales prises par les infirmières dans le cadre du programme d'euthanasie de l'Allemagne nazie entre 1939 et 1945. Nous prenons pour cadre le modèle philosophique de Margaret Urban Walker, en particulier son hypothèse voulant que la moralité consiste en un ensemble de pratiques responsables. De cette façon, nous essayons de rendre compte des conceptions des infirmiers quant à leurs responsabilités dans le programme d'euthanasie. Nous décrivons tout d'abord par une brève introduction le programme d'euthanasie de l'Allemagne nazie de 1939 à 1945 et la participation des infirmiers. Cette vue d'ensemble montre comment les responsabilités des infirmiers ont été manipulées. Nous étudierons ensuite les soins infirmiers comme une pratique morale dans le cadre de la spécificité des idées et des pratiques de responsabilité dans le programme d'euthanasie. En troisième lieu, nous examinerons les raisons que donnaient les infirmiers pour échapper à toute forme de responsabilité. Quatrièmement, nous chercherons à savoir si les infirmiers eurent une responsabilité dans le programme d'euthanasie. Pour terminer, nous discuterons de la pertinence historique d'une réflexion éthique pour la responsabilité morale d'infirmiers qui sont aujourd'hui confrontés à des pratiques d'euthanasie.

 

Hélène Piralian : En quoi le génocide met-il à l'épreuve les fondements mêmes de la psychanalyse ? Les sites rwandais