Philippe Mesnard (Rédacteur en chef) : Éditorial : À propos de quelques lieux communs (PDF)

 

Dossier : Sites mémoriels

Dirigé par Frediano Sessi (Université de Mantoue)

Avec la collaboration de Carlo Saletti et de Frédéric Crahay (Mémoire d'Auschwitz ASBL)

 

Frediano Sessi (Université de Mantoue) : Présentation (PDF)

 

Sonia Combe (Institut des Sciences sociales du Politique – Université de Paris Ouest Nanterre-La Défense) : Le site mémoriel de Buchenwald (PDF)

  • Les remaniements successifs de la mise en musée du camp de concentration de Buchenwald sont une illustration non seulement de ce constant « work in progress » qu’est l’histoire, mais de ses revirements. À Buchenwald, les remaniements ne témoignent pas seulement d’une évolution des pratiques mémorielles publiques. Ils attestent un changement de perspective et une rupture d’interprétation. La déconstruction des politiques muséales dont le camp de Buchenwald a fait l’objet au tout début des années 1950, puis en 1958, lorsque le mémorial fut inauguré, et enfin à partir de 1990 avec la nouvelle conception recommandée par le ministère des sciences, de la recherche et de l’art du Land de Thuringe, permet de souligner la temporalité des enjeux dont demeurent porteurs de tels sites. Elle conduit également à une lecture des différents usages du passé, générateurs de conflits de mémoire dont devraient tenir compte les futurs remaniements annoncés pour le 70e anniversaire de la libération du camp, en 2015.

 

Jean-Charles Szurek (Institut des Sciences sociales du Politique – Université de Paris Ouest Nanterre-La Défense) : Le musée d’Auschwitz revisité (PDF)

  • L’auteur a effectué une recherche sociologico-anthropologique sur le musée d’Auschwitz à la fin de l’année 1989. La principale leçon qu’il en a tirée était que le dispositif muséologique de cette institution professait, à travers un antifascisme de propagande, une occultation de la destruction des Juifs européens dans le camp. Cette recherche a été publiée, notamment dans le n° 23 du Bulletin de la Fondation Auschwitz. Il est revenu au musée 23 ans après pour voir si, avec le changement de régime, le dispositif muséologique avait été changé.

 

Steffen Hänschen (Bildungswerk Stanislaw Hantz) : Transforming remembrance in the former death camp Bełżec : a short history (PDF) [La transformation de la mémoire de l'ancien camp d'extermination de Bełżec : un bref historique]

  • L’ancien camp d’extermination de Bełżec n’est pas très présent dans la mémoire collective de la Shoah. Pendant près de quarante ans, ce lieu a pratiquement été oublié, étant donné que ni les autorités polonaises ni les habitants ne lui montraient pas un grand intérêt. Ce n’est qu’après la chute du communisme en 1989 que la condition de l’ancien camp d’extermination a commencé à changer. En 2004, un complexe mémoriel a été inauguré comme filiale du musée national de Maïdanek. Cela fait maintenant plus de huit ans que le musée et le centre mémoriel de Belzec font partie de la culture mémorielle en Pologne. Mais dans la mesure où le nouveau complexe mémoriel avait été construit afin de conserver les fosses communes comme cimetière, le projet de transformation de l’ancien camp en centre éducatif d’importance ne vient qu’au second plan. Néanmoins, l’équipe du musée promeut l’enseignement de l‘histoire dans la région est de la Pologne. Cette tâche n’est pas des moindres, car l’opinion publique concernant le sort de la population juive reste encore partagée.

 

Ivo Pejakovic (Jasenovac Memorial site) : Jasenovac Memorial Site and “difficult heritage” (PDF)[Le site du Mémorial de Jasenovac et l' « héritage difficile »]

  • Cet article offre une vue d’ensemble des évènements qui ont influencé les transformations et les améliorations du site mémoriel Jasenovac, plus particulièrement au cours de ces vingt dernières années. Aujourd’hui, le musée est un lieu de mémoire des victimes, ainsi qu’un endroit où les jeunes peuvent d’une part développer un état d’esprit en ce qui concerne le crime, et d’autre part concevoir la valeur de la vie humaine.

 

Roel Hijink (Université d'Amsterdam) : Voormalig kamp Westerbork : Tussen reconstructie van de leegte en de herschepping van het kamp (PDF) [L'ancien camp de Westerbork : Entre la reconstruction du vide et de la re-création du camp (PDF)]

  • Après le Hollandsche Schouwburg, la Maison d’Anne Frank et le mémorial Auschwitz à Amsterdam, le Herinneringscentrum Kamp Westerbork est le site de commémoration de la persécution et de l’extermination des Juifs le plus important des Pays-Bas. L’aspect actuel du terrain de l’ancien camp de Westerbork date de 1992. C’est un paysage de collines vertes parfois accompagnées de blocs de béton qui indiquent où étaient placés les bâtiments. Plusieurs monuments commémoratifs se trouvent dans le camp et autour de celui-ci. Il ne reste presque plus rien du camp de transit d’origine. Au départ, cette symbolisation avait été choisie parce que la reconstruction était considérée comme kitsch. Aujourd’hui, on veut transformer le site du camp parce que la plupart des visiteurs ne le perçoivent pas comme un site historique. La seule question qui reste est de savoir à quel point le sens symbolique peut être élargi et transformé en un visuel d’une nouvelle génération sans porter atteinte à l’intégrité des victimes et sans profaner les lieux.

 

Frediano Sessi (Université de Mantoue), Carlo Saletti : Le camp de Fossoli : Histoire et mémoire de la déportation d’Italie (PDF)

 

Isaac Gilead, Yoram Haimi (Archaeological Division, Ben-Gurion University of the Negev, Beer Sheva, Israel), Wojciech Mazurek (SUB TERRA, Archaeological Examinations, Chelm, Poland) : Excavating Nazi Extermination Centres (PDF) [Fouilles archéologiques des centres d'extermination nazis]

  • Cet article a pour objet l’archéologie des camps d’extermination de Chelmno, Treblinka, Sobibor et Belzec. Les aspects du caractère pluridisciplinaire sont abordés en premier lieu. En effet, l’archéologie des centres d’extermination relève d’un certain nombre de sous-disciplines : de l’archéologie légale à l’archéologie urbaine et historique en passant par l’archéologie des conflits et l’archéologie industrielle. Les processus d’extermination sont étudiés en tant que réalité du passé, en tant qu’une série de faits historiques établis qui n’ont pas besoin d’être démontrés par des fouilles archéologiques. Ici, le rôle de l’archéologie est d’apporter des connaissances encore indisponibles, en particulier en ce qui concerne le plan des sites, leurs bâtiments et les objets qui s’y trouvent. Nous menons des recherches sur les camps d’extermination depuis le milieu des années 1980, nous examinons les différents aspects des processus de destruction de ces sites et mettons l’accent sur les pillages et autres pratiques pour déterminer les plans et les éléments passés et futurs de ces sites. Ces questions sont illustrées par des résultats de la recherche menée à Sobibor en 2007 et 2008. Nous précisons que l’emplacement exact de particularités importantes des centres d’extermination, comme les chambres à gaz par exemple, est encore incertain. C’est pourquoi l’archéologie est indispensable à la reconstruction et à la préservation des plans des camps d’extermination ainsi qu’à l’étude et l’interprétation des objets enfouis sous les sédiments.

 

 

Portfolio

Le Mémorial du Massacre de Nankin (PDF)

 

 

Varias

Bernard Krouck (Sciences Po Paris) : De Tobrouk à Auschwitz : Les témoins de la Shoah (1942-1945) (PDF)

 

Dorien Van De Mieroop (K.U. Leuven), Fransiska Louwagie (University of Leicester) : Pronominagebruik en identiteit in Nederlandstalige deportatieverhalen uit het Breendonkcorpus (PDF) [Usages des pronoms personnels et construction identitaire dans les témoignages néerlandophones du corpus de Breendonk]

  • Le corpus étudié dans cet article se constitue de 18 entretiens oraux avec des témoins déportés à partir du fort de Breendonk. L’étude examine notamment l’usage des pronoms dans les entretiens et leur rôle dans la construction identitaire du témoin. Après une première analyse quantitative des pronoms, nous adoptons une approche qualitative qui examine l’usage des pronoms dans leur contexte. Au-delà du recours fréquent à la première personne du pluriel, reflétant la dimension collective de l’expérience, on constate de fréquents changements de perspective, qui se traduisent notamment par un recours à la troisième personne et au passif. Ces changements permettent d’identifier les éléments du témoignage qui constituent une menace pour la construction identitaire du témoin, engendrant des face saving strategies au niveau de la narration.

 

 

Librairie (PDF des notes de lecture)

  • Dominique Legallois, Yannick Malgauzou et Luc Vigier, L’accréditation des discours testimoniaux, Toulouse, Éd. universitaires du Sud, 2011.
    Compte-rendu par Mylène Herry (Université de Toulouse – Le Mirail)
  • Patrice Arnaud, Les STO : Histoire des Français requis en Allemagne nazie, Paris, CNRS, 2010.
    Compte-rendu par Hélène Camarade (Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3)
  • Fabrice d’Almeida, Ressources inhumaines : Les gardiens de camps de concentration et leurs loisirs, Paris, Fayard, 2011.
    Comptes-rendus par Frediano Sessi (Université de Mantoue) et par Fabian Van Samang (Docteur en histoire et enseignant au Klein Seminarie de Roeselare)
  • Robert Belot, Klaus-Peter Sick, La Seconde Guerre mondiale pour les nuls, Paris, Générales First, 2011.
    Compte-rendu par Anthony Michel (Université de Lorraine)
  • Jean-Marc Berlière, Fichés ? : Photographies et identification 1850-1960, Paris, Perrin, 2011.
    Compte-rendu par Charles Futerman (AACCE – Paris)
  • Annette Wieviorka, L’heure d’exactitude, Paris, Albin Michel, 2011.
    Compte-rendu par Judith Lindenberg (EHESS)
  • Gabriele Andreozzi, Juicios por crímenes de lesa humanidad en Argentina, Buenos Aires, Cara o Ceca, 2011.
    Compte-rendu par Nadia Tahir (Université Sorbonne Paris IV)
  • Michaël Prazan, Einsatzgruppen : Sur les traces des commandos de la mort nazis, Paris, Seuil, 2010.
    Compte-rendu par Frediano Sessi (Université de Mantoue)
  • Jacques Semelin, Face au totalitarisme : La résistance civile, Bruxelles, André Versaille, 2011.
    Compte-rendu par Hélène Camarade (Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3)
  • Hans Keilson, La Mort de l’adversaire, Paris, Seuil, 2012.
    Compte-rendu par Aurelia Kalisky (Zentrum für Literatur und Kulturforschung – Berlin)