Fondation Auschwitz - Sommaire et résumés du n° 138
« Balises pour la citoyenneté »
Éditorial : Il y a trente ans, le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda (Frédéric Crahay, Directeur de la rédaction)


Chroniques
  • Film Oppenheimer. Entre malédiction et gloire (Brecht Capiau)
    L’eau. Un des quatre éléments indispensables à la vie sur Terre. J. Robert Oppenheimer, lui, voit pourtant bien plus que ça dans les gouttes de pluie sur lesquelles s’ouvre le dernier film du réalisateur britannique américain Christopher Nolan. Dans ses yeux, elles sont deux atomes d’hydrogène reliés par un autre d’oxygène. Comment se comportent-ils les uns par rapport aux autres et quels changements subissent-ils ? Ils sont aussi bien source de fascination que de crises de panique chez l’étudiant Oppenheimer, qui n’a pas encore pleinement conscience de toutes les implications de ses théories. C’est dans cette perspective que l’Américain découvre, puis se prend de passion pour la mécanique quantique, discipline scientifique qui n’en est encore qu’à ses balbutiements aux États-Unis.

  • Film Wil. Un film réalisé par Tim Mielants (Maarten Van Alstein)
    À Anvers, la Seconde Guerre mondiale fut une période complexe et particulièrement mouvementée. Si les nombreuses bombes V larguées sur la ville à l’automne 1944 ont fait parler d’elles après la guerre, les souffrances des Juifs d’Anvers sont longtemps restées méconnues, tout comme le rôle des autorités anversoises et de la police locale, noyé dans les brumes de l’histoire. Les choses ont toutefois commencé à changer à l’aube du siècle nouveau. Avec son livre Étrangers dans la cité : une histoire d’Anvers et sa population juive (2000), Lieven Saerens a comblé un vide historiographique en montrant que les autorités et la police anversoises avaient pris part à la politique antijuive de l’occupant nazi en participant notamment à des rafles.

  • Documentaire Des hommes ordinaires. Un chapitre oublié de la Solution finale (Frédéric Crahay)
    Ce documentaire de 58 minutes traite de ce que l'on appelle parfois la « Shoah par balles » : les massacres perpétrés par les troupes allemandes et leurs alliés en Europe de l'Est, dans les villages et les villes conquises au cours de leur avancée. Ces massacres ont eu lieu durant la durée totale de la guerre. On y dénombre quelque deux millions de victimes, pour la plupart restées anonymes : des hommes, des femmes et des enfants, en particulier des Juifs, mais pas seulement, abattus de sang-froid et par dizaines au bord de fosses communes.

  • Podcast Léon Blum, une vie héroïque : un podcast autour d’une figure (trop) mal connue de l’histoire de France (Yannik van Praag)
    Dire que Léon Blum (1872-1950) occupe une place discrète dans la mémoire collective française relève de l’euphémisme. Pour beaucoup, son nom reste essentiellement attaché au Front populaire, à la semaine de quarante heures et aux congés payés ; éventuellement à l’affaire Dreyfus, mais guère plus. Et pourtant, tant son destin personnel que son héritage politique méritent assurément qu’on s’y attarde. Le producteur et journaliste Philippe Collin a retracé son parcours dans un podcast, en neuf épisodes, diffusé sur France Inter en décembre 2022.

  • Enquête Enquête concernant le national-socialisme, l’univers concentrationnaire et la Shoah (Anne Lambert)
    Plus de 20 ans après deux enquêtes réalisées par la Fondation Auschwitz, l'ASBL Mémoire d'Auschwitz en a lancé une nouvelle au premier semestre 2023 auprès des enseignants du secondaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) concernant le national-socialisme, l’univers concentrationnaire et la Shoah. Cet article s’intéresse principalement aux différents supports d'enseignement utilisés pour aborder ces sujets en classe.
 

Portfolio: La Shoah au fil des rails (Frédéric Crahay)
Les rails et les trains sont devenus malgré eux un symbole de la déportation et in extenso de la Shoah qui attendait nombre de Juifs au bout de la voie entre 1941 et 1945.



Words of memory : Klaus Mann (1906-1949) (Maarten Van Alstein)



Grand Entretien avec Frediano Sessi (entretien mené par Frédéric Crahay)
Frediano Sessi, écrivain, traducteur et éditeur italien, très prolifique en ce qui concerne les thématiques de la Shoah et d’Auschwitz, a accepté de répondre à nos questions.



Dossier : Les procès
Ce dossier aborde les procès d'Istanbul et des médecins de Nuremberg. Il s'intéresse également à la poursuite des criminels de guerre en Belgique (1944-1951), et au système de justice microlocal des gacaca au Rwanda.

  • Présentation (Frédéric Crahay)

  • Les Procès d’Istanbul (Yves Ternon)
    Cet article aborde les procès d’Istanbul intentés contre les responsables de l’élimination systématique des Arméniens pendant la Première Guerre mondiale. Il montre que la volonté des gouvernements ottomans successifs, depuis l’armistice de Moudros jusqu’à la fin de 1920, était de développer leurs propres procès afin d’éviter d’avoir à coopérer avec un tribunal des vainqueurs en remettant des documents officiels et en extradant les ressortissants ottomans inculpés. Il n’en reste pas moins que les procès d’Istanbul ont apporté des preuves irréfutables d’un crime qui allait être qualifié après 1948 de génocide des Arméniens.

  • Le procès des médecins de Nuremberg et la dénazification (Dr Yves Louis)
    Le procès des médecins de Nuremberg s’est tenu du 25 octobre 1946 au 20 août 1947. Il fut mené par un tribunal militaire américain, et non porté devant une cour internationale comme ce fut le cas pour les procès de Nuremberg qui avaient visé les leaders du régime nazi. Cette procédure marqua la naissance de l’éthique médicale moderne, ainsi que les premiers pas des procédures de dénazification (Entnazifizierung) des médecins en Allemagne.

  • La poursuite des criminels de guerre en Belgique, 1944-1951 (Marie-Anne Weisers)
    L’objet de cet article est de tenter de répondre à différentes questions portant sur l’ensemble du processus de poursuites mené, après la Seconde Guerre mondiale, par les autorités belges, contre les anciens membres de l’appareil d’occupation allemand. Que s’est-il passé, au niveau judiciaire, entre octobre 1944, date du début des poursuites, et 1951, date des derniers procès nationaux belges ? Qui sont les principaux acteurs intervenants ? Quelles sont les actions qui furent menées, à la fois, en zones d’Allemagne occupée par les Alliés, et sur le sol belge pour retrouver les criminels de guerre allemands ? Quels furent les ambitions de départ, et les résultats obtenus à l’arrivée ? À quels problèmes furent confrontées les instances judiciaires belges, chargées d’assurer la répression des crimes de guerre en lien avec la Belgique ? L’analyse qui est présentée a pour but d’apporter des éléments de réponse à cet ensemble de questions.

  • Gacaca : Un système de justice microlocal pour juger un génocide « macrosocial » (Muriel Paradelle)
    Dans le cadre de cet article, il s’agira de s’intéresser aux caractéristiques du génocide des Tutsi qui ont conduit les autorités rwandaises à choisir d’investir, en le réinventant, un mode traditionnel de résolution des conflits, le gacaca. Comment ce système de justice dans sa « version génocidaire » permet-il de répondre aux contours de massacres constitutifs de ce génocide dit « de proximité » ?


Varia
  • Le collaborationnisme des femmes a bien existé. Le cas des femmes condamnées à mort en France à la Libération pour fait de collaboration (Fabien Lostec)
    À rebours des stéréotypes qui font des collaboratrices des individus passant la guerre à « coucher avec les Allemands » ou à dénoncer, cet article se penche, à travers le cas des condamnées à mort en France à la Libération, sur les femmes collaborationnistes, c’est-à-dire sur les femmes qui s’engagent au service de l’Allemagne nazie et qui, souvent, adoptent des comportements extrêmes.


  • Adolfo Kaminsky (1925-2023), faussaire et humaniste ? D’une résistance à l’autre ? (Paul-Emmanuel Babin)
    Kaminsky est considéré comme le virtuose des faux papiers. Sa conception du monde repose sur des valeurs fondées sur l’antiracisme, le pacifisme et la laïcité. L’activité du faussaire aux milliers de vies arrachées aux traitements inhumains et dégradants et surtout à la mort donne l’occasion à l’historien de se pencher sur une spécificité des faux documents en temps de guerre et en Belgique.

  • Fiction et autobiographie dans le témoignage littéraire : l’exemple de Bubelè l’enfant à l’ombre, d’Adolphe Nysenholc (Daniel Acke)
    À quoi ressemble la vie d’un petit Juif de trois ans séparé de ses parents, dont il ignore le sort funeste, hébergé en secret par une courageuse famille flamande et terrifié à l’idée de se trahir ou d’être trahi – bref, à quoi ressemble la vie d’un enfant à l’ombre ? C’est là le thème exploré par Adolphe Nysenholc dans Bubelè.


Site mémoriel
  • Le Centre du Patrimoine Arménien (le CPA). Un lieu ouvert sur le monde (Chrystèle Roveda)
    Créé en 2005 dans le centre historique de Valence, le Centre du Patrimoine Arménien est un équipement culturel public de Valence Romans Agglo dédié à l’histoire, aux mémoires et à l’actualité des migrations et des conflits contemporains. Il a la particularité de consacrer son exposition permanente à la diaspora arménienne, tout en inscrivant cette trajectoire singulière dans l’histoire plus large des exils et des génocides des XXe et XXIe siècles. Sa programmation culturelle offre un regard singulier et citoyen sur notre monde.


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