Fondation Auschwitz - Sommaire et résumés du n° 137
« Balises pour la citoyenneté »
Éditorial : Quid de l’histoire et de la mémoire dans le futur ? (Frédéric Crahay, Directeur de la rédaction)


Chroniques
  • Exposition « Spirou dans la tourmente de la Shoah » (Bernard Krouck)
    La belle exposition « Spirou dans la tourmente de la Shoah », initiée par Didier Pasamonik (commissaire scientifique) et Caroline François (commissaire de l’exposition) qui s’est tenue du 9 décembre 2022 au 30 août 2023, peut se lire à plusieurs niveaux d’interprétation.

  • Livre Hiroshima selon Keiji Nakazawa : Dans l’ombre de la bombe (Brecht Capiau)
    Le 8 juillet 2022, l’assassinat de l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe secoue le monde entier… et surtout les Japonais. D’après une étude de l’Institute for Health Metrics and Évaluation, le taux d’homicides par armes à feu ne s’élève pourtant qu’à 0,02 victime pour 100 000 habitants au pays du Soleil levant. Par comparaison, ce chiffre monte à 4,12 aux États-Unis, plaçant cette nation en tête d’un bien sombre classement. Le pacifisme qui caractérise la politique intérieure et extérieure nipponne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a très certainement contribué à ce score historiquement bas, tout comme la culture populaire japonaise. Gen d’Hiroshima, chronique antiguerre de plus de 2 500 pages livrée par le mangaka Keiji Nakazawa, est sans l’ombre d’un doute l’ultime témoignage de la résistance japonaise face à tout ce qui se rapporte à la violence et à la militarisation.

  • Livre Nuremberg : Droit de la force et force du droit (Willy Coutin)
    En décembre 2017, un quatrième crime relevant de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) a été adopté par l’Assemblée des États parties au traité de Rome de 1998 qui l’avait instituée. Il s’agit de l’emploi par un État de la force armée contre la souveraineté, l’intégrité ou l’indépendance d’un autre État (ou « guerre d’agression »). Entré en vigueur en 2002, le traité de Rome confie à la CPI la charge de juger des personnes, responsables politiques ou militaires, accusées de crimes de guerre, crimes contre la paix et crimes contre l’humanité. On retrouve là trois des quatre chefs d’accusation que définirent les vainqueurs de l’Allemagne nazie dans les accords de Londres du 8 juillet 1945 qui établissaient le champ d’action du Tribunal militaire international qui s’apprêtait à siéger à Nuremberg. Ce procès fit prendre un tournant historique au traitement réservé aux crimes commis dans le cadre de conflits et à la définition d’une communauté internationale décidée à ne plus accepter l’impunité des auteurs d’atrocités bafouant le sens commun et les valeurs universelles. Aujourd’hui, 123 pays sont États parties au traité de Rome.

  • Livre Maurice Bavaud a voulu tuer Hitler (Jean-Pierre Pisetta)
    Les héros sont généralement connus pour être ou avoir été des gagnants. L’écrivain et reporter suisse Nicolas Meienberg nous raconte, lui, dans ce livre, l’histoire d’un héros battu à plates coutures.

  • Enquête La lecture comme support pédagogique pour l’apprentissage de la Shoah dans l’enseignement secondaire en Fédération Wallonie-Bruxelles (Anne Lambert)
    L’enseignement de la Shoah a évolué progressivement, marquant la prise de conscience de l’importance de transmettre cette période de l’histoire aux jeunes générations. L’école est ainsi perçue par les enseignants comme le moyen principal de transmission de la Shoah en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Ils ont la liberté d’approfondir certains sujets et d’en survoler d’autres. Floriane Schneider et Iannis Roder distinguent la transmission de contenu et les méthodes pédagogiques pour construire une mémoire durable. Outre les manuels scolaires, les enseignants ont ainsi intégré d’autres outils, dont la littérature, pour encourager la réflexion, l’esprit critique et l’apprentissage. Cet article examine comment les livres peuvent être un support efficace pour l’enseignement de la Shoah. Il se base sur une enquête menée auprès des enseignants du secondaire de la FWB au premier semestre 2023 par la Fondation Auschwitz. Le rapport complet sera publié ultérieurement.


Portfolio : Georges Lemoine. Un illustrateur à multiples facettes (Frédéric Crahay)



Grand Entretien avec Hélios Azoulay : « c’est un art, d’hériter » (entretien mené par Annick Asso)
Écrivain-compositeur, Hélios Azoulay situe l’art au coeur de la transmission. Musique, théâtre, dessins venus des camps sont incontestablement autant des supports de créations que des témoignages, les plus directs possible. Artiste complet, Hélios Azoulay a notamment publié L’enfer aussi a son orchestre, sur les musiques composées dans les camps dont il est devenu l’interprète de référence avec l’Ensemble de Musique Incidentale qu’il dirige. Il est l’auteur de deux romans, Moi aussi j’ai vécu (Flammarion, 2020) et Juste avant d’éteindre (Le Rocher, 2021) qui ont tous deux été portés à la scène. En janvier 2023, il fait paraître Pour Tommy (Le Rocher), une série de dessins de Bedřich Fritta réalisés dans le camp de Terezín pour l’anniversaire de son fils de trois ans. Ce sont ces cinquante-deux petites aquarelles clandestines retrouvées par miracle que nous présente Hélios Azoulay, accompagnées d’un texte de sa plume intitulé Dans le creux d’aimer, pages à mi-chemin entre l’essai, la méditation littéraire et le récit historique sur la vie de Fritta et l’itinéraire tumultueux de Tommy qui, lui, a pu échapper à l’extermination. Un personnage solaire auquel chacun peut s’identifier et par lequel Hélios Azoulay questionne l’enfance.

 

Dossier : Littérature de jeunesse face à la Shoah : impossibles transmissions ?
En France et en Belgique, les recherches sur la corrélation entre littérature de jeunesse et la Shoah sont rares, contrairement à l’attention phénoménale en Amérique (tout le monde connaît Maus d’Art Spiegelman) et dans d’autres pays anglophones. Pourtant, les livres pour enfants qui dépeignent la Shoah en mots et en images n’ont cessé de prendre de l’ampleur dans la France d’après-guerre et en Belgique. Alors que la critique et la recherche littéraires semblent encore balbutiantes, ce dossier montrera que l’analyse critique de ce corpus est d’une grande pertinence pour l’avenir.

  • Présentation : Élargir l’horizon, inclure les oeuvres pour la jeunesse, le relais des conteurs face à la transmission de la mémoire de la Shoah (Kathleen Gyssels)

  • Chemin d’écriture, chemin de fumée (Élisabeth Brami)
    « Se taire est interdit, parler est impossible » dit Elie Wiesel à Jorge Semprun qui lui rétorque : « Plus j’écris, plus la mémoire me revient. » C’est pour traiter de ce sujet de la transmission possible ou non, par l’écriture (ou non), qu'Élisabeth Brami a dû en passer par l’analyse de ses propres romans et albums.

  • Histoire cachée, ou comment l’histoire de mon père, enfant caché, se cache dans toutes mes histoires (Rachel Hausfater)
    Rachel Hausfater nous explique comment et dans quelle mesure elle s’est approprié ce que son père lui a dit (et tu) de l’histoire tragique de sa famille. Elle nous raconte la genèse de ses livres et nous révèle comment ceux-ci sont nourris par cette histoire.

  • Démons et merveilles : la Shoah au risque de l’imaginaire dans les romans contemporains pour adolescents (Laurent Bazin)
    Laurent Bazin formule l’hypothèse que les fictions de l’imaginaire constituent une façon somme toute recevable d’aborder un moment de l’histoire impossible à appréhender – justement parce qu’elles constituent la réponse naturelle recherchée par une génération éminemment sensible aux crises existentielles et aux blocages de la communication. Il avance l’idée que la littérature contemporaine pour adolescents produit les conditions d’une relation renouvelée au passé, en assumant le risque de l’invraisemblance pour mieux sensibiliser ses lecteurs, eux-mêmes en situation d’existence problématique, à l’impensabilité de l’Histoire.

  • Élisabeth Brami : La fable et l’histoire. Mémoire et transmission (Béatrice Finet)
    Réfléchissant à la façon la plus juste de raconter la Shoah, Aharon Appelfeld dans l’un de ses écrits théoriques note que seule la littérature permet d’approcher la vérité de l’événement. Béatrice Finet nous montre ici comment deux des œuvres littéraires d’Élisabeth Brami, Sauve-toi Élie ! et Je renaîtrai de vos cendres en tentant d’approcher cette vérité, abordent tout à la fois la question de sa mémoire, de son histoire et surtout celle de sa transmission.

  • Dire la Shoah autrement : Le Petit chaperon Uf de Jean-Claude Grumberg et Des Miettes et des étoiles de Thomas Duranteau (Esther Grimalt)
    Le Petit chaperon Uf de Jean-Claude Grumberg aborde la Shoah via le conte. Il évoque progressivement la montée des restrictions contre les Juifs. Le conte est avorté, cela souligne l’effet de « déjà vu » et la peur d’un « bégaiement » de l’Histoire. Des Miettes et des étoiles de Thomas Duranteau est une traversée spatio-temporelle au travers des décombres, des traces d’un peuple et d’une culture brisés.

  • « Il était [mille] fois, un juif désespérément heureux » : ou comment expliquer la Shoah aux enfants (André Schwarz-Bart) (Kathleen Gyssels)
    Kathleen Gyssels s’intéresse au paradoxe que dans le roman pour adultes, classé comme tel, l’enfant n’en demeure pas moins central : par le bas âge du protagoniste, confronté à la montée du nazisme, d’une part, de par sa « foi » dans les histoires, les contes, lecteur boulimique qui, comme juif « du dimanche », dévore les contes de fées (« Il était une fois »), et enfin, l’impact de l’image lorsque le langage est encore en « construction ». Tout au long de sa carrière d’écrivain, André Schwarz-Bart aurait multiplié les tentatives pour raconter la Shoah aux enfants.

  • Faire sonner la langue, du vide à la vie : l’écriture à corps et à cris de Rachel Hausfater (Éléonore Hamaide-Jager)
    Avec un style travaillant sur le rythme, les reprises phoniques et lexicales, Rachel Hausfater centre son attention sur les corps déportés des enfants, sur le souvenir fantasmé de ceux des parents et, de manière originale, sur le corps amoureux dans les camps. La parole des enfants est autant le vestige d’une langue détruite que la réappropriation d’un espace de langage et d’une identité.



Varia
  • Un parfum d’amande amère. Les allemands, le cyanure et la fin du troisième Reich (Christophe Talloen et Fabian Van Samang)
    Fabian Van Samang et Christophe Talloen évoquent dans cet article la véritable épidémie de suicides par cyanure qui a touché l’Allemagne en 1945.


  • À la recherche des corps perdus. Témoins, témoignages et traumatismes dans Billydéki (Kamelia Talebian Sedehi)
    Au Canada, le dernier pensionnat pour jeunes Aborigènes a fermé ses portes en 1996, mais ses persécutions poursuivent les survivants et leurs descendants. Les œuvres littéraires ont le pouvoir d’informer le public des dérives du passé. Elles mêlent histoire et narrativisation pour faire de la littérature une forme de narration de témoignage capable de présenter les incidents historiques sous un jour nouveau. Les témoignages littéraires transforment ainsi l’histoire des pensionnats canadiens. Billydéki (2019), de Sonia Perron, est un témoignage littéraire des réalités des pensionnats canadiens, mais aussi un parfait exemple de la relation transformationnelle qui lie l’histoire et la narration. Billydéki laisse transparaître les exactions des pensionnats envers les communautés aborigènes. En traduisant en mots l’expérience directe de témoins oculaires, l’autrice historicise ces incidents et abus. La narration ne se contente pas de raconter l’histoire, de dire « voilà ce qu’il s’est passé » ; elle le montre à travers les yeux de divers acteurs ou spectateurs présents au moment du traumatisme. L’objet de cet article est d’appliquer le concept du traumatisme de Judith Herman et le concept de témoignage et de témoin de Shoshana Felman et Dori Laub au roman Billydéki, de Sonia Perron, afin de mettre en lumière les incidents historiques survenus dans certains pensionnats et longuement passés sous silence.



Site mémoriel
  • Le mémorial des frères Léonard à Gouvy (Guy Zelis)
    À Gouvy, en province de Luxembourg, en Belgique, à proximité de la frontière grand-ducale, à l’orée d’un petit bois de sapins, un humble mémorial est dédié aux quatre frères Léonard, exécutés par l’occupant allemand le 6 janvier 1945.


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