C'est avec une immense tristesse que nous apprenons le décès de Lydia Chagoll qui a survécu trois ans en tant qu'enfant juif dans les camps japonais des Indes néerlandaises. Plus tard, elle est devenue une chorégraphe, une auteure et une cinéaste renommée, mais surtout une grande combattante des droits de l'enfant.
Lydia est née en 1931. Avec sa famille, elle fuit l'Europe et la persécution nazie. Ils aboutissent en Indonésie, dans les Indes orientales néerlandaises de l'époque, où Lydia est emprisonnée pendant plus de trois ans. Elle a survécu à cinq camps japonais. À son retour en Belgique, elle devient une grande amatrice d'art et une danseuse de ballet.
Plus tard, lorsqu'elle a fait la connaissance de son grand amour, le réalisateur Frans Buyens, dont elle a dit qu'il a réussi à libérer l'enfant en elle, elle réalise de nombreux documentaires avec lui, puis seule après sa mort en 2004. Elle a également écrit plusieurs livres sur la Shoah. Pendant de nombreuses années, elle a été guide à Auschwitz-Birkenau lors des voyages d'études de la Fondation Auschwitz.
On se souviendra en particulier d'elle comme d'une combattante infatigable de l'injustice. Elle a consacré une grande partie de sa vie à la reconnaissance et à la mémoire de la déportation et du génocide des Roms et Sinti (« Tsiganes ») et elle a fait en sorte que chaque année des fleurs soient déposées au monument des Roms et Sinti à Birkenau par la Fondation Auschwitz. Son plus grand combat a été pour les droits de l'enfant, car c'est lui qui est la première victime en temps de guerre. Elle a fondé l'ASBL Voor de Glimlach van een Kind [Pour le sourire d'un enfant].
Pour son avant-dernier film « Ma Bister », elle a écrit les lignes suivantes :
Fillette, à tes pieds, des petits souliers
qui te permettent de courir, de sauter, de danser, de trépigner.
Fillette, tu as été gazée sans souliers à tes petits pieds.
Fillette, tu as été brûlée sans souliers à tes petits pieds.
Et dans la vitrine du musée, musée de la mémoire, tes petits souliers.
Et encore et encore plein de petits souliers pour petits pieds.
Par centaines, des petits souliers d’enfants, morts, assassinés.
En 2014, Lydia Chagoll a reçu le « Prix de la démocratie » pour son combat passionné pour un monde meilleur.
La Fondation Auschwitz lui rendra hommage chaque année, lors de son voyage d'études à Sobibór (centre d'extermination où une grande partie de la famille de Lydia a été gazée), avec des roses blanches et une musique de son choix.
Chaque année, en l'honneur du travail de Lydia, des fleurs seront déposées au monument des Roms et Sinti près des fosses communes de Chełmno-nad-Nerem lors des voyages d'études de la Fondation Auschwitz.
Elle nous manquera profondément.
La dernière interview de Lydia, dans laquelle elle raconte son parcours en Extrême-Orient, figure dans la rubrique « Actualités » du bulletin pédagogique de la Fondation Auschwitz Traces de mémoire n° 37, paru en septembre 2020.
L'interview est également publiée dans son intégralité dans notre revue Témoigner n° 131, parue en octobre 2020.
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