Fondation Auschwitz - Sommaire, résumés et textes intégraux du n° 113
Présentation de la Revue
Philippe Mesnard (Rédacteur en chef) : Éditorial. Du sang, entre ciel et terre. À propos de nouvelles tendances de l’historiographie de la Shoah (PDF)

 

Portfolio Terezin / Theresienstadt (PDF) (photos : Philippe Mesnard)

 

Dossier : Les tabous de l’histoire allemande

Dirigé par Martine Carré, Ingeborg Rabenstein-Michel et Ralf Zschachlitz

 

Martine Carré (Université Jean Moulin – Lyon 3), Ingeborg Rabenstein-Michel (Université Claude Bernard – Lyon 1) et Ralf Zschachlitz (Université Lyon 2) : Présentation (PDF)

 

Emmanuelle Aurenche-Beau (Université Lumière – Lyon 2) : La mémoire de la fuite et de l’expulsion dans Niemandszeit de Jörg Bernig (2002) et Die Unvollendeten de Reinhard Jirgl (2003) (PDF)

  • La contribution se centrera sur la manière dont le thème de la fuite et de l’expulsion a été traité en ex RDA. Après avoir brièvement montré comment cette question y avait été largement tabouisée, on étudiera deux romans parus dans les années 2000, écrits par deux auteurs originaires de l’Est, tous deux issus de familles allemandes des Sudètes et appartenant à la génération des petits-enfants. On tentera de montrer en quoi leurs romans sont typiques d’une manière nouvelle d’envisager la problématique de la fuite et de l’expulsion, on se demandera en quoi ils se distinguent de la production des décennies précédentes et comment leur mode d’écriture les amène à mettre à mal certains tabous.

 

Carola Hähnel-Mesnard (Université Charles de Gaulle – Lille 3) : La mémoire de la fuite et de l’expulsion chez Hans-Ulrich Treichel et Reinhard Jirgl – distanciation ou victimisation ? (PDF)

  • Cette contribution s’interrogera sur les différentes façons dont le thème de « Flucht und Vertreibung » est abordé aujourd’hui dans la littérature contemporaine. Est-ce que la façon dont le sujet est représenté confirme l’idée d’un retour de l’émotionnel (et d’un tabou brisé à ce niveau-là) ? Quelle est la fonction du « roman » ou « récit familial » auquel recourent nombre d’auteurs ? Quels sont les procédés narratifs et stylistiques utilisés ? Dans quelle mesure la mémoire de la « Flucht und Vertreibung » et des victimes allemandes se superpose et se croise avec d’autres mémoires ? Les œuvres analysées proviennent d’auteurs qui appartiennent à trois générations différentes et qui sont originaires à la fois de RDA et de RFA. On s’interrogera donc également sur les particularités dans le traitement du sujet selon le contexte de socialisation.

 

Delphine Klein (Université Jean-Monnet – Saint-Étienne) : De l’abus à l’affût des tabous. Ulrike Maria Stuart d’Elfriede Jelinek (PDF)

  • Dans la pièce Ulrike Maria Stuart, écrite en 2005, Elfriede Jelinek, dramaturge hautement controversée malgré son prix Nobel de littérature (2004), thématise une période récente de l’histoire de l’Allemagne entourée de tabous en convoquant les voix des terroristes allemandes de la Fraction Armée Rouge (RAF). À partir de l’analyse du traitement du matériau historique, nous souhaitons tout d’abord montrer comment Elfriede Jelinek convoque le souvenir d’une blessure mal cicatrisée du passé et questionne le travail de mémoire. Mais si l’auteur fait face aux tabous de l’histoire et en déconstruit les mythes, elle est également aux prises avec des tabous qui entourent la pratique de l’écriture dramaturgique. Elle oppose en effet à un théâtre normatif une écriture subversive libérée de ses tabous, qui commet le sacrilège suprême de toucher et de subvertir un texte canonique du patrimoine littéraire et culturel germanique, Maria Stuart de Friedrich Schiller. Mais finalement, quel peut être l’impact d’une telle écriture, qui, en voulant dévoiler l’indicible et faire émerger le refoulé, se révèle être une écriture opaque, qui n’arrête plus le sens, qui produit un trop plein de sens, à reconstruire – ou non, puisque parfois, le sens ne compte pas : « sens : indifférent » ?

 

Ingeborg Rabenstein-Michel (Université Claude Bernard – Lyon 1) : Adolf Hitlers Mein Kampf, gezeichnete Erinnerungen an eine große Zeit : Kurt Halbritter et la déconstruction du tabou du suiveur par et dans la BD (PDF)

  • En 1968 parait Adolf Hitlers Mein Kampf : gezeichnete Erinnerungen an eine große Zeit. Halbritter entend alors dénoncer l’un des plus importants tabous de l’après-guerre qui avait marqué – et continue de marquer – l’Allemagne. En choisissant la BD, genre considéré comme mineur, voire subversif comme support, il ajoute une dimension supplémentaire à la provocation. Son ouvrage, une chronologie du quotidien sous le Troisième Reich de l’avènement d’Hitler à la chute du régime (procédé par lequel il anticipe le principe du roman graphique), est construit sur une double perspective : l’insertion de citations de Mein Kampf au début des chapitres rappelle qu’il était tout à fait possible de non seulement prendre connaissance des théories délirantes du national-socialisme incarné par le Führer, mais aussi d’évaluer jusqu’à un certain point le danger de leur mise en œuvre, et un éclairage des discours privé et public des années soixante persistant à dédouaner les responsabilités des grands corps d’État, de l’industrie, de l’Église et, surtout, de l’immense masse des suiveurs. Plusieurs enquêtes menées auprès d’élèves allemands qui dévoilaient alors l’étendue de leur méconnaissance de ce pan de leur passé si récent et si dérangeant. C’est sur cet arrière-fond qu’Halbritter entreprend sans doute aussi une œuvre didactique salutaire expliquant mieux, comme le Spiegel l’écrit alors, que tous les discours ce qui est si volontiers passé sous silence par une génération des pères pratiquant activement l’interruption volontaire de la transmission de l’Histoire. Dans la perspective de 2016, année où Mein Kampf tombera dans le domaine public, il est sans doute utile de rappeler qu’il y a cinquante ans déjà, des auteurs ont invité, par des moyens inhabituels et quelque peu iconoclastes, à affronter enfin le passé.

 

Martine Carré (Université Jean Moulin – Lyon 3) : Quand un tabou en cache un autre : Tod eines Kritikers – Mort d’un critique de Martin Walser (PDF)

  • Le roman de Martin Walser, Tod eines Kritikers, annonce et dénonce à la fois la polémique qu’il déclenche. On montrera que sa structure, contraignante pour le lecteur, l’invite à s’interroger sur le tabou de l’antisémitisme dans l’Allemagne des années 1990. Peut-on envisager ce tabou comme « tabou-écran » visant à dissimuler un autre tabou : celui d’une liberté de réflexion hypothéquée, dans les démocraties de la communication par le pouvoir coercitif de l’opinion telle que la façonnent les médias (ici en l’espèce de la culpabilité collective) ?

 

Sibylle Goepper (IEP de Strasbourg) : La judéité dans les romans de Barbara Honigmann et Jan Faktor : tabou dépassé, identité refondée (PDF)

  • Dans le contexte de la chute du mur de Berlin et de la réunification allemande, nombreux sont les écrivains socialisés en RDA qui thématisent pour la première fois de manière vraiment ouverte leurs racines juives. Durant quartante ans, l’État socialiste a en effet vécu sur un paradoxe : celui-ci consistait à accueillir de nombreux citoyens d’origine juive, à les compter au rang de « victimes du fascisme », à leur offrir des postes clés, tout en les rendant invisibles à la société en tant que tels. À ce propos, Vincent von Wroblewsky parle de « perception bloquée, presque secrète, honteuse ». C’est la fin de ce tabou que nous nous proposons d’étudier dans les œuvres en prose des écrivains dits de la « deuxième génération » Barbara Honigmann et Jan Faktor. Nous montrerons comment, malgré des parcours biographiques, des rapports au judaïsme et des procédés narratifs très différents, les romans post-tournant de ces descendants de survivants renouent avec la problématique centrale de la littérature juive allemande depuis le tournant du siècle en se concentrant sur la quête identitaire des personnages, et comment ils apportent une contribution originale à la question de l’identité juive dans la littérature de langue allemande après 1945.

 

Hélène Camarade (Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3) : Le viol des femmes allemandes en 1944-1945 : Un tabou transgressé dans les journaux intimes et les romans ? (PDF)

  • Lors de sa première édition en 1959, le journal intime anonyme Eine Frau in Berlin, écrit par une journaliste berlinoise entre avril et mai 1945 qui fait état des viols massifs perpétrés par les soldats russes à Berlin et des stratégies mises en place par les femmes pour les éviter, suscita la désapprobation des critiques. Sa réédition en 2003 fut saluée par la presse et l’ouvrage, autrefois tant décrié, devint un véritable succès de librairie, aussitôt traduit dans d’autres langues. L’argument avancé pour expliquer ce succès fut alors que le tabou des viols des femmes allemandes était désormais tombé. C’est également la transgression d’un tabou qui fut invoqué en 2008 par le réalisateur Max Färberböck afin de justifier l’intérêt d’une adaptation cinématographique. Notre communication a pour but d’étudier l’existence et la nature de ce prétendu tabou depuis 1945 et d’envisager son éventuelle transgression dans la littérature est-allemande et ouest-allemande avant 1990, puis dans la littérature contemporaine. En ce qui concerne la RDA, on peut parler d’un véritable non-dit collectif imposé par les autorités, qui permet d’entretenir le mythe d’une armée rouge libératrice et bienveillante. Certains ouvrages brisent cependant la « loi du silence » (Günter de Bruyn) sur les exactions russes, comme le roman Kindheitsmuster de Christa Wolf (1976), mais surtout Tod am Meer (1977) de Werner Heiduczek qui provoque les foudres de l’ambassadeur soviétique Abrassimov. L’ouvrage est tout de même réédité en 1988. En République fédérale d’Allemagne, la publication relativement régulière de témoignages évoquant cet épisode, ainsi que sa présence dans la littérature, par exemple dans Die Blechtrommel de Günter Grass (1959), invite à se demander si cet événement n’est finalement pas plus inaudible que véritablement indicible. On peut en effet se poser la question de savoir si le tabou n’est pas plus conditionné par la réception du récit que par le témoin lui-même, et s’interroger sur sa fonction sociale. Il permet entre autres de masquer ou de légitimer le manque d’intérêt de la société ouest-allemande et des historiens. Dans le cadre d’un retour du discours victimaire dans l’Allemagne contemporaine, les viols de 1945 sont évoqués dans plusieurs romans, par exemple dans Der Verlorene de Hans-Ulrich Treichel (1998), Die Unvollendeten de Reinhard Jirgl (2003), Die Mittagsfrau de Julia Franck (2007) ou dans le roman pour la jeunesse Ein wunderbarer Vater de Gudrun Pausewang (2009). Les modalités du récit ne semblent cependant pas véritablement évoluer par rapport aux témoignages ou aux romans des décennies précédentes : le viol est rarement décrit au premier plan, le récit se fait principalement par le biais du regard des enfants et il est souvent évoqué de manière allusive ou détournée. On retrouve cette même continuité dans la représentation filmique, le viol est filmé à l’arrière-plan ou en hors champ. Quant aux recherches historiques, elles restent en Allemagne réunifiée au point mort, comme le déplore Götz Aly en 2008. On peut donc se demander si la fonction de l’actuel discours autour du tabou transgressé n’est pas de légitimer en partie le retour du discours victimaire.

 

Anne Peiter (Université de la Réunion) : À la recherche d’un champ anhistorique. Mise en place de tabous allemands : les exemples de Leni Riefenstahl et Albert Speer (PDF)

  • Cette contribution vise à démontrer comment la photographe et cinéaste Leni Riefenstahl d'un côté, et l'architecte Albert Speer, ministre d’armes d’Hitler, d'autre part, perçoivent le passé nazi, et ce à un moment où la « tabouisation » ou plutôt la « dé-tabouisation » se déroule depuis 1945 en Allemagne de l'Ouest. Contrairement à l'évolution générale de la mémoire politique allemande, la situation des deux acteurs n’est pas une évolution à partir d'un silence collectif vers une reconnaissance progressive des crimes. Les noms de Speer et Riefenstahl ont été interdits jusqu'en 1960, avant qu'ils ne soient connus pour leurs « voyages ». Speer continue à tourner en rond dans la cour de la prison comme une personne possédée et appelle ce cercle « un voyage autour du monde ». En ce qui concerne Riefenstahl, elle nous apporte des photos du Soudan qui relancent sa carrière, mais en même temps qui la ramènent vers le passé, tout le chemin du retour jusqu’au « Troisième Reich ». Selon l'interprétation de Riefenstahl ce n’est pas le passé qui éclaire la prochaine période, mais le présent qui illumine le passé récent, dans laquelle elle ne voit que beauté pure, apolitique et anhistorique. Speer est plus enclin à se confronter avec le passé grâce à l'autoquestionnement. Mais on pourrait se poser la question s’il est, comme le photographe, axé sur la purification du présent, et de cette façon placer la combinaison du passé et du présent dans le signe de purification. Ainsi la « dé-tabouisation » signifie un encouragement à tourner la page : la Shoah peut être classée.

 

Ralf Zschachlitz (Université Lyon 2) : Tranches de vie sous le national-socialisme marquées du sceau du tabou dans Anders de Hans-Joachim Schädlich, Demenz de Tilman Jens et Beim Häuten der Zwiebel de Günter Grass (PDF)

  • Soixante ans après la fin du Troisième Reich, des productions littéraires de langue allemande se penchent sur des biographies touchées par le problème du tabou et du refoulement des douze années sombres du national-socialisme. Ralf Zschachlitz présente trois ouvrages biographiques, voire autobiographiques, qui traitent des tabous tissés autour de trois personnages qui ont joué un rôle important dans la vie intellectuelle et culturelle de l'Allemagne d'après-guerre. Dans son ouvrage Anders, Hans-Joachim Schädlich se penche sur la biographie faussée de l'ancien SS Hans Schneider alias Hans Schwerte, professeur de littérature à l’Université d’Aix-la-Chapelle ; dans son livre Demenz, Tilman Jens retrace les révélations concernant l'appartenance refoulée au parti national-socialiste de son père, le professeur éminent de rhétorique Walter Jens ; dans son ouvrage autobiographique Beim Häuten der Zwiebel, le prix Nobel Günter Grass révèle son appartenance à la Waffen-SS tout en essayant d'en minimiser l'importance.

 

 

Varias

Dr. Fabian Van Samang (Historien) : « Elke handeling met de intentie te vernietigen… ». Inhoud en limieten van het concept genocide in het proces tegen Ratko Mladić (PDF) [« Tout acte avec l'intention de détruire ... ». Contenu et les limites de la notion de génocide dans le procès de Ratko Mladić]

 

 

25 ans après sa disparition. Ce qu’a vraiment dit Levi (PDF)

 

 

Librairie (PDF des notes de lecture)

  • Bernard Bruneteau, Le Totalitarisme. Origines d’un concept, genèse d’un débat (1930-1942), Paris, Cerf, 2010.
    Compte-rendu par Anne Roche (Université Aix-Marseille)
  • Bernard Bruneteau, L’âge totalitaire. Idées reçues sur le totalitarisme, Paris, Le Cavalier Bleu, 2011.
    Compte-rendu par Nancy Berthier (Université Sorbonne Paris IV)
  • Philippe Mesnard, Primo Levi. Le passage d’un témoin, Paris, Fayard, 2011.
    Compte-rendu par Frediano Sessi (Université de Mantoue)
  • Philippe Mesnard, Primo Levi. Le passage d’un témoin, Paris, Fayard, 2011.
    Enrico Mattioda, Levi, Rome, Salerno, 2011.
    Compte-rendu par Albert Mingelgrün (Président de la Fondation de la Mémoire Contemporaine)
  • Enzo Traverso, L’histoire comme champ de bataille. Interpréter les violences du XXe siècle, Paris, La Découverte, 2011.
    Compte-rendu par Frediano Sessi (Université de Mantoue)
  • Guy Penaud, L’Inspecteur Pierre Bonny. Le policier déchu de la « Gestapo française » du 93, rue Lauriston, Paris, L'Harmattan, 2011.
    Compte-rendu en anglais par Sash Lewis
  • Gérard Haddad, Lumières des astres éteints. La psychanalyse face aux camps, Paris, Grasset, 2011.
    Compte-rendu par Michel Enaudeau (Journaliste)
  • Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, 1939-1945, Paris, Perrin, 2010.
    Compte-rendu par Leonore Bazinek (Université de Rouen)
  • Anne Roche, Exercices sur le tracé des ombres. Walter Benjamin, Paris, Grasset, 2011.
    Compte-rendu par Carola Hähnel-Mesnard (Université Charle de Gaulle – Lille 3)

La Revue est disponible en ligne sur 
openedition.org


revues.org

Tous les numéros

  • N° 138 (04/2024) Les procès

     

    Ce dossier aborde les procès d'Istanbul et des médecins de Nuremberg. Il s'intéresse également à la poursuite des criminels de guerre en Belgique (1944-1951), et au système de justice microlocal des gacaca au Rwanda.

    Sommaire et résumés

    N° 137 (10/2023) Littérature de jeunesse face à la Shoah

     

    En France et en Belgique, les recherches sur la corrélation entre littérature de jeunesse et la Shoah sont rares, contrairement à l’attention phénoménale en Amérique (tout le monde connaît Maus d’Art Spiegelman) et dans d’autres pays anglophones. Pourtant, les livres pour enfants qui dépeignent la Shoah en mots et en images n’ont cessé de prendre de l’ampleur dans la France d’après-guerre et en Belgique. Alors que la critique et la recherche littéraires semblent encore balbutiantes, ce dossier montrera que l’analyse critique de ce corpus est d’une grande pertinence pour l’avenir.

    Sommaire et résumés

    N° 136 (04/2023) Les bourreaux

     

    Depuis toujours, le bourreau fascine autant qu’il effraie. Les auteurs de crimes de masse sont des individus qui exécutent, facilitent ou ordonnent l’anéantissement d’un groupe spécifique. Le numéro 100 de Témoigner, paru en septembre 2008, s’est jadis intéressé aux bourreaux nazis. Ce dossier propose une approche historique et criminologique des autres génocides du XXe siècle.

    Sommaire et résumés

    N° 135 (10/2022) La désobéissance

     

    Le présent dossier s’intéresse au concept de désobéissance en temps de guerre. Si le concept de désobéissance civile nous paraît familier en ces temps de contestations endémiques, il fut un temps où l’obéissance était la règle. Dans un contexte militaire, la désobéissance était fréquemment suivie de conséquences mortelles. Ce dossier se penche essentiellement sur trois faits issus de la Première Guerre mondiale et un de la Guerre d’Algérie (1954-1962).

    Sommaire et résumés

    N° 134 (04/2022) La mise à mort des « inutiles »

     

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, le régime nazi ne s’est pas seulement appliqué à détruire la « race » juive qu’il considérait comme dangereuse. Avant de mettre en œuvre la Solution finale, les nazis massacrèrent ceux qui ne correspondaient pas à leur idéologie raciale eugénique et qu’ils considéraient comme inférieurs. Dans ce dossier, nous nous intéresserons aux handicapés mentaux et physiques victimes systématiques de la folie pseudo-médicale nazie, tout au long du conflit mondial.

    Sommaire et résumés

    N° 133 (10/2021) 1918-1938 : La politisation de la musique en Europe

     

    Ce dossier s’intéresse à l’instrumentalisation de la musique par le monde politique dans l’entre-deux-guerres. Les cas sont nombreux et éclairent la façon dont la propagande politique s’est propagée dans la culture musicale européenne.

    Sommaire

    N° 132 (04/2021) L’AKTION REINHARDT et l’AKTION ERNTEFEST

     

    L’Aktion Reinhardt vit environ 1,8 million de Juifs polonais périr dans les chambres à gaz de Bełżec, de Sobibór, de Treblinka et de Majdanek entre mars 1942 et novembre 1943. Les Juifs qui « échappèrent » aux chambres à gaz furent fusillés à Majdanek, à Trawniki et à Poniatowa les 3 et 4 novembre 1943 durant l’Aktion Erntefest. Le dossier que nous proposons fait le bilan des recherches actuelles sur l’Aktion Reinhardt, fait historique qui a connu une recrudescence d’intérêt parmi les historiens de la Shoah depuis une quinzaine d’années, grâce, entre autres, aux avancées archéologiques sur les différents sites concernés. Un long chemin a été parcouru depuis le travail pionnier d’Yithzak Arad, Belzec, Sobibor, Treblinka: the Operation Reinhard Death Camps en 1987. Le dossier met en lumière différentes perspectives pour évoquer les recherches actuelles liées à la question. Ainsi seront abordés l’effacement des traces, les perspectives sociologiques des bourreaux, l’excavation des lieux d’extermination et aussi l’historiographie la plus récente.

    Sommaire et résumés

    N° 131 (10/2020) Historiographie de la Seconde Guerre mondiale en Extrême-Orient

     

    Pour beaucoup de gens, le 8 mai 1945 et la capitulation de l’Allemagne nazie est le chapitre final de la Seconde Guerre mondiale. Or, on oublie souvent que les mois entre mai et septembre 1945 furent décisifs pour le futur du monde, car dans le Pacifique les États-Unis et l’Empire du Japon continuèrent un combat acharné jusqu’à la capitulation sans conditions de ce dernier le 2 septembre 1945, date réelle de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Sommaire et résumés

    N° 130 (04/2020) Réception de la Shoah et mentalités dans les milieux juifs et chrétiens

     

    La réception de la Shoah est devenue, pour toute l’humanité, un lieu de questionnement et de prise de conscience. Ce dossier visera à établir et à évaluer les modalités et les enjeux de la transmission de la Shoah et à mesurer les mutations des identités et des mentalités qui en découlent. Quels ont été les regards catholiques sur le judaïsme avant et pendant la Shoah ? Quelles liturgies juives et quels rites interreligieux pour la commémoration de la Shoah en Israël et aux États-Unis ? L’évolution des mentalités dans le monde juif par rapport à la Shoah sera également exposée par l’analyse de la controverse dite de Bitburg, déclenchée par la visite du président américain, Ronald Reagan, au cimetière militaire allemand de Bitburg (RFA) en mai 1985. L’affaire du carmel d’Auschwitz (1985-1993) révèle enfin l’implication des Églises belge et française dans la résolution du conflit et constitue sans doute une étape-clé dans « l’enseignement de l’estime » de l’Église à l’égard des Juifs. Les réponses historiques qu’apporte ce dossier au questionnement sur la Shoah peuvent être déterminantes pour la survie du judaïsme et des relations entre le judaïsme et le christianisme.

    Sommaire et résumés

    N° 129 (10/2019) La reconnaissance des victimes

     

    Depuis quelques décennies, l’idée a fait son chemin que les victimes des crimes de masse méritent reconnaissance. Celle-ci est devenue une catégorie incontournable de notre culture mémorielle. Ce dossier entend faire le point sur cette question en parcourant le large spectre de mesures garantissant la reconnaissance, de la simple remémoration aux interventions ciblées de la justice, rappelant au passage l'importance croissante de la victime dans la justice pénale internationale. Il revient sur les aspects problématiques de la reconnaissance lorsque celle-ci engendre une concurrence des victimes.

    Sommaire et résumés

    N° 128 (04/2019) 25 ans après, comment se souvenir du génocide des Tutsis

     

    Kwibuka [Souviens-toi]. Avril 1994. Des images de corps mutilés sont projetées sur les écrans européens, elles proviennent du Rwanda. 25 ans après, nous nous souvenons.

    Sommaire et résumés

    N° 127 (10/2018) Perpétuation de la violence après 1918

     

    Il y a cent ans, la Première Guerre mondiale prend fin en novembre 1918. Après quatre années de carnage, la paix revient en Europe. Du moins, c’est alors l’impression des vainqueurs et, aujourd’hui également, celle des commémorateurs qui fêtent son centenaire. La réalité historique s’avère plus complexe. Jusqu’en 1923 au moins, la violence perdure sous forme de révolutions et de contrerévolutions, de guerres et de guerres civiles. Les esprits restent également sous l’emprise de la violence tant dans les milieux de gauche que de droite.
    Le dossier « La perpétuation de la violence après 1918 » se propose de cerner les contours de cette Europe si fortement marquée par la Grande Guerre, en évoquant la culture de la violence instaurée par celle-ci et qui, finalement, dégénéra dans la déflagration totale de la Seconde Guerre mondiale.

    Sommaire et résumés

    N° 126 (04/2018) Questions sur l'avenir du travail de mémoire

     

    Les 20 et 21 janvier 2017 le colloque Questions sur l’avenir du travail de mémoire s’est tenu à Esch-sur-Alzette, au Grand-Duché de Luxembourg. Les cinq articles de ce dossier tirés des actes du colloque tentent de répondre aux questions suivantes : Comment construire une mémoire critique de la Shoah, dénuée de mythes et de fragmentation nationale ? Comment anticiper l’absence de témoins directs ? À l’avenir, qui transmet quoi, et comment ?

    Sommaire et résumés

     
    N° 125 (10/2017) Persécution des homosexuel-le-s par les nazis

     

    La connaissance historique de la persécution nazie des homosexuel-le-s et de leur déportation a connu des avancées significatives ces dernières années du fait de la multiplication des recherches sur le sujet. Dans le cadre de ce dossier, la parole est donnée à des chercheuses et chercheurs reconnus ainsi qu’à de jeunes doctorants et docteurs. Les éclairages qu’ils apportent concernent aussi bien la question de la destinée singulière des femmes et des hommes homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale, que la manière dont la mémoire des victimes homosexuelles du nazisme a évolué depuis la fin de cette guerre.

    Sommaire et résumés

    N° 124 (04/2017) Musique dans les camps

     

    La musique a fait partie intégrante de l’univers concentrationnaire, nazi et autre. Quel genre de musique était composée et exécutée, et quel en était le rôle exact dans les camps ? Facteur de survie et de résistance pour les détenus, une façon pour eux d’exprimer leur espérance et leur humanité – ou, au contraire, instrument d’oppression exploité par les bourreaux ? Quelle est la fonction de la musique dans le travail de mémoire suivant l’expérience de violence et de souffrance extrêmes ? Ce dossier propose de parcourir ces problématiques.

    Sommaire et résumés

    N° 123 (10/2016) Traduire le témoignage

     

    Présentation du dossier Traduire le témoignage : Quelle est la relation entre le témoignage, défini comme un récit plus ou moins ritualisé portant sur la violence politique et raconté à la première personne, et la traduction ? Et, parallèlement, quelle position le traducteur occupe-t-il par rapport au témoin ? Est-il possible, en tant que traducteur, d’être (ou de devenir) témoin ? Comment, quand et pourquoi traduit-on des témoignages ? À quelles stratégies linguistiques et discursives le traducteur recourt-il quand il se trouve confronté à un texte éthiquement délicat ? Quel rôle joue-t-il dans la transmission du savoir historique, des valeurs culturelles ou de la critique sociale véhiculés par le témoignage ? La traduction a-t-elle tendance à affaiblir ou, au contraire, renforcer la pertinence et l’impact du discours original ? Quelle est l’importance de la traduction dans des contextes littéraires, politiques et institutionnels ? Combien ces contextes spécifiques déterminent-ils la pratique de la traduction ? Dans quelle mesure les processus de transcription, d’édition, de traduction et d’archivage ont-ils un effet sur le texte source ? Et peut-on soutenir les strictes démarcations entre témoigner et traduire, entre témoignage documentaire et littéraire, entre l’original et sa traduction ? Voilà les questions qui seront abordées dans ce dossier.

    Sommaire et résumés

    N° 122 (04/2016) Révisionnisme et négationnisme

     

    Au sens strict, le négationnisme est la « doctrine niant la réalité du génocide des Juifs par les nazis, notamment l'existence des chambres à gaz. » (Larousse en ligne) ; par extension, le terme désigne la négation d'autres génocides et d'autres crimes contre l'humanité. La littérature sur le négationnisme est abondante. Il existe des études sur le sujet dans de nombreux pays ainsi que des biographies de négationnistes. Les stratégies argumentatives et rhétoriques des négationnistes ont été largement décryptées. Des sites internet démontent systématiquement leurs sophismes. Si les informations fiables sur le phénomène ne font pas défaut, il est cependant indispensable d'y revenir encore et toujours, et ce, pour plusieurs raisons.

    Sommaire et résumés

    N° 121 (10/2015) Violences radicales en scène

     

    Les violences extrêmes se montrent. Elles crèvent les écrans. Elles surfent d’un style et d’un support à l’autre : reportages d’actualité, documentaires, fictions, arts en tous genres. Pourtant le théâtre se distingue de cette curée, tout en revenant sans cesse sur le sujet. Autrement. Lié, dès ses origines, à la représentation de la cruauté et ayant « miraculeusement » échappé aux polémiques souvent stériles sur l’interdit ou non... de la représentation de la Shoah, c’est toujours avec la même jeunesse qu’il s’intéresse aux violences extrêmes et y entretient sans relâche l’articulation de l’éthique et de l’esthétique.

    Sommaire et résumés

    N° 120 (04/2015) Quel avenir pour la mémoire du génocide des Arméniens ?

     

    Le génocide perpétré en 1915 sur les Arméniens de Turquie suscite toujours de nombreux débats, controverses, déclarations de principe, prises de position et oppositions, négation. Pourtant, de plus en plus ouvertement, des liens se tissent, des passerelles sont établies et des échanges renforcés entre les communautés arménienne et turque. Une réconciliation est-elle possible ?

    Sommaire et résumés

    N° 119 (12/2014) Il y a 70 ans, Auschwitz. Retour sur Primo Levi

     

    27 janvier 1945. Il y a 70 ans les premiers soldats de l’Armée rouge pénétraient dans le camp d’Auschwitz marquant définitivement ce que l’on pourrait appeler sa « libération », bien qu’Auschwitz n’ait été, pas plus qu’aucun autre camp nazi, un objectif prioritaire pour aucune des forces alliées. Primo Levi faisait partie des quelques rescapés qui, échappant aux évacuations forcées, étaient restés cachés à Auschwitz. Juif, déporté, chimiste, témoin, écrivain, retour sur cette personnalité complexe, sur son ascension vers ce qu’il a appelé le « rescapé professionnel », sur son œuvre. Sur ce que les mots « résistance », « engagement » ont signifié pour lui.

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    N° 118 (09/2014) Dictature et terreur en Argentine, Chili et Uruguay

    Après les dictatures qui règnent sur l’Argentine, le Chili et l’Uruguay des années 1970 jusqu’en 1990, le processus de résolution démocratique de ces histoires de terreur semble nécessairement en passer par la construction de récits et, ce faisant, de mémoires qui reconfigurent le passé. Au cœur de ces processus propres à chacun des pays, s’impose la figure de la victime que viennent questionner les textes rassemblés par Claudia Feld, Luciana Messina et Nadia Tahir.

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    N° 117 (03/2014) Amis ? Ennemis ? Relations entre mémoires

    On a beaucoup parlé et écrit sur les mémoires de groupe et communautaires en limitant leur rapport et leur histoire à des conflits, des « guerres », des concurrences, des stratégies d’occultation ou de mise sous silence à tel point que ces termes sont devenus des lieux communs d’une sorte de doxa plus générale sur la mémoire collective et culturelle. Ce dossier propose une lecture critique de ces termes et de cette doxa en venant questionner l’émergence, la constitution et la mise en rapport de différentes mémoires exemplaires des grandes violences du XXe siècle. Il aborde les rapports que ces mémoires peuvent entretenir avec d’autres mémoires dont elles partagent, sinon le même événement, du moins des caractéristiques ou des préoccupations communes.

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    N° 116 (09/2013) Voyages mémoriels

    Doit-on craindre ce que l’on regroupe sous le terme de « tourisme mémoriel » ? Ou bien doit-on assumer cette réalité de notre époque ? Désormais, tout visiteur, en groupe ou solitaire, se trouve-t-il absorbé par la catégorie de « touriste » ? Ou bien cette catégorie est-elle une réduction intellectuelle bien éloignée de l’expérience que chacun poursuit durant sa visite ? Le problème apparaît sous un jour un peu différent quand on pense aux voyages organisés pour des mineurs encadrés par des adultes, généralement des enseignants. Ce dossier propose de donner les avis d’historiens et pédagogues qui ont l’expérience de tels voyages.

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    N° 115 (03/2013) L’Espagne en construction mémorielle

    Le dossier de ce numéro se donne pour objectif de fournir des points de repère pour mieux comprendre les identités et les relations plurielles qu’entretiennent les mémoires et leur représentation dans l’Espagne contemporaine. En effet, il est nécessaire, aujourd’hui, de porter un nouveau regard non seulement sur les mémoires stratifiées de la guerre civile, de l’exil et de la répression franquiste, mais aussi sur la réception d’autres mémoires telles que celle de la Shoah, et d’en proposer de nouvelles lectures. Il s’agit notamment de mettre en évidence les tensions parfois antagoniques, parfois productrices, entre les actions officielles, celles des associations et les initiatives artistiques.

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    N° 114 (12/2012) Sites mémoriels

    Comment se présentent aujourd’hui, aux yeux des visiteurs, les sites mémoriaux qui constituent la trace concrète de la mémoire et de l’histoire européennes du XXe siècle ? Les critères d’exposition et de conservation ont changé depuis au moins dix à quinze ans dans la plupart de ceux-ci, tout comme les progrès dans la recherche historique ont changé la façon de lire et de reconstruire les évènements du passé. Cela n’est pas seulement dû au fait que l’on soit passé d’une histoire écrite par des témoins à une histoire écrite par des historiens professionnels. Une nouvelle conscience s’est affirmée concernant les méthodes de transmission (pédagogie de la mémoire). Il a également été nécessaire de renforcer la recherche historique par les méthodes de recherche archéologique. On a déchiré le voile de l’idéologie alors que celui-ci avait souvent guidé ou recouvert les expositions permanentes et les critères de conservation et de visite. Peut-on dire dès lors qu’une nouvelle époque s’est ouverte dans la façon de transmettre la mémoire ? Celle-ci demeure, sous plusieurs aspects, un pari ouvert sur le présent et le futur.

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    N° 113 (09/2012) Les tabous de l’histoire allemande

    Les périodes les plus douloureuses ou les plus ambiguës de l’histoire allemande du XXe siècle sont caractérisées par de nombreux tabous que la littérature, la photographie et le cinéma ont exprimés comme autant de « retours du refoulé ». Ces études sont, d’une part, centrées sur les problèmes de l’antisémitisme et, ce faisant, sur les rapports des sociétés germanophones à la Shoah. D’autre part, il est question de la confrontation aux violences subies telles que les bombardements, la fuite devant l’armée rouge et les expulsions, les viols massifs.

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    N° 112 (06/2012) Les enfants de la Guerre d'Espagne

    Le dossier de ce numéro est consacré aux expériences et aux représentations culturelles de l’enfance pendant la guerre d’Espagne. Il s’agit d’aider à mieux comprendre ce conflit qui a déchiré une même population sur un même territoire en proposant une mise en regard du vécu des enfants espagnols – consigné sous diverses formes pendant ou après le conflit – et des représentations variées de ces mêmes enfants, en particulier celles émanant des adultes.

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    N° 111 (12/2011) Art & propagande : jeux inter-dits

    L’apparition des médias a encouragé les institutions politiques (des partis politiques aux gouvernements) à promouvoir leur image pour emporter la conviction du public auquel elles s’adressaient. Les pouvoirs autoritaires ont trouvé dans cette ressource un moyen de consolider leur domination. Or, comment les artistes ont-ils pu prendre part à la propagande dont l’utilitarisme est à l’opposé des fins que l’on attribue généralement à l’art ? On-t-il dû mettre de côté leur vocation, ou l’ont-ils eux-mêmes détournée ?

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    N° 110 (10/2011) Déplacements, déportations, exils

    Les déplacements de population sont utilisés par les États ou les groupes criminels pour isoler des populations qu’ils prennent pour cible ou qu’ils veulent s’aliéner. Perte de visibilité publique, privation des repères et des cadres sociaux sont alors des processus complémentaires à la négation des droits communs. Procédant ainsi, il est alors possible de faire subir à ces populations des contraintes (déterritorialisation, travail forcé…) ou des violences (famine, massacre, génocide…). Ces phénomènes, qui ont acquis une ampleur sans précédent après la guerre de 1914-1918, ne cessent de s’accroître à l’échelle du globe. Mais leur réalité se double aussi d’une dimension mémorielle. En effet, il y a une mémoire des déplacements qui s’exprime maintenant à travers la littérature, avec des expositions et dans des musées. Ce dossier traite de ce double aspect historique et mémoriel dont nous sommes les contemporains.

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    N° 109 (03/2011) Bande dessinée dans l'orbe des guerres et génocides du XXe s.

    Mise au service ou revenant sur les guerres et génocides du XXe siècle, la bande dessinée fut mêlée aux plus sombres évènements de notre Histoire.
    La première partie du dossier évoque le rôle joué (en France, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas) durant la Seconde Guerre mondiale par des éditeurs et auteurs de bandes dessinées qui se mirent au service de l'envahisseur ou qui, au contraire, lui résistèrent. En relevant les contributions de la bande dessinée aux efforts de guerre, c'est son potentiel même en tant que moyen d'action et de propagande qui est ici mis en exergue.
    La seconde partie du dossier concerne les possibilités d'évocation des auteurs de bandes dessinées lorsqu'ils reviennent sur les évènements. De la première à la Seconde Guerre mondiale, des génocides commis à l'encontre des Arméniens, des Juifs, des Cambodgiens ou des Tutsi aux massacres de Sabra et Chatila, la dimension créative dont fait preuve la bande dessinée en abordant ces sujets longtemps tenus pour inaccessibles atteste de ses capacités à opérer au-delà de la « simple » restitution des faits.

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    N° 108 (09/2010) Traitement de l'histoire dans les documentaires filmiques

    Ce dossier se propose d'analyser les contraintes qui pèsent sur l'écriture télévisuelle de l'histoire. Il privilégie l'étude des documentaires historiques produits pour/par la télévision, désormais canal de transmission dominant de l'histoire. Aux côtés d'historiens (Annette Becker, Laurent Veray, Isabelle Veyrat-Masson) dont les travaux traitent du rapport à l'image animée et de sa valeur cognitive, d'autres chercheurs et enseignants (Charles Heimberg, Fanny Lautissier, Matthias Steinle) ont été sollicités. Mais la parole a aussi été donnée à tous les acteurs de la production, des réalisateurs (Patricia Bodet, Serge Viallet), des producteurs (Jacques Kirsner) ou encore des documentalistes spécialisées dans la recherche d'archives filmiques (Anne Connan, Christine Loiseau). En raison des enjeux de mémoire et de la question du statut de vérité qu'elle soulève, La chaconne d'Auschwitz, documentaire réalisé par Michel Daëron, a été analysée du point de vue de l'historien-conseiller historique (Sonia Combe) commenté par le réalisateur et la monteuse, Eva Feigeles.

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    n° 107 (06/2010) L'Aveu

    Au cours de l’Histoire, l’aveu s’est déplacé de la sphère judiciaire (et/ou du christianisme) vers d’autres composantes sociales. Si bien qu’aujourd’hui, il se manifeste ou s’exprime en nombre d’occasions, ce dont attestent les contributeurs à ce dossier qui envisagent l’aveu dans ce qu’il a de structurant. En effet, qu’ils soient linguistes, spécialistes en études littéraires, historiens, chercheurs en sciences de l’information et de la communication, ces derniers montrent, à partir de l’analyse de textes – littéraires ou non –, de films – de fiction ou pas –, et/ou d’événements particuliers, que l’aveu témoigne du rapport qu’un groupe ou une personnalité entretient à son passé et à son avenir, en même temps qu’aux autres, c’est-à-dire à ceux qui en sont les destinataires. Mais, si plusieurs auteurs montrent comment l’aveu dit le vrai, d’autres montrent aussi qu’il peut s’en éloigner, ou faire accéder à une vérité autre que celle que son auditoire pourrait en attendre.

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    N° 106 (03/2010) Faux Témoins

    Dans les sciences humaines et sociales contemporaines, les travaux sur le témoignage et les témoins se sont multipliés. Revers de la médaille, les faux témoignages et les faux témoins sont plutôt délaissés ou laissés en pâture à leurs dénonciateurs. Pourtant, on peut prendre le phénomène au sérieux. Ce dossier le met ainsi « à l’épreuve » en répondant à une série de questions : si l’on est souvent « pris à témoin », quelles sont les configurations sociales et psychologiques faisant qu’on est « pris », plus ou moins longtemps, par la croyance en un faux témoignage ? Quel est le rôle des industries culturelles et médiatiques dans ce phénomène ? Comment penser les relations entre faux témoignage, témoin fictif et fiction ?

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    N° 105 (12/2009) Charlotte Delbo

    Pourquoi un dossier sur Charlotte Delbo ?
    Jusqu'à présent les études majeures sur Charlotte Delbo nous sont venues d'Angleterre et des États-Unis. En France, hormis un cercle restreint de fidèles et d'universitaires, on ne s'est pas intéressé à elle et pas plus à son œuvre. Aucun dossier de revue. Aucun recueil.
    Intellectuelle et femme de théâtre importante, Charlotte Delbo (1913-1985) s'est très tôt engagée du côté des communistes, sans pour autant adhérer au parti. Résistante, elle est arrêtée et déportée dans le convoi du 24 janvier 1943 pour Auschwitz où elle est internée avant d'être transférée à Ravensbrück. Son œuvre testimoniale, l'une des plus importantes sur la terreur concentrationnaire nazie, se prolonge par de nombreux textes, la plupart de théâtre, qui confirment son engagement contre toute forme d'oppression politique, de l'Algérie au Goulag, du Chili à la Grèce.

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    n° 104 (09/2009) L'Antifascisme revisité. Histoire, Idéologie, Mémoire

    À l’occasion du XXe anniversaire de la chute du Mur et de la disparition de la RDA, ce numéro revient sur l’antifascisme comme un des éléments essentiels à la fondation de cette « autre » Allemagne. Antifascisme « décrété », selon les uns, « mythe » selon les autres, ce dossier propose de réinterroger la notion en tenant compte aussi bien des réalités historiques que des manipulations idéologiques. Des recherches récentes, conduites à partir de fonds d’archives encore peu exploités, donnent une image plus nuancée de l’antifascisme en RDA, de ses aspirations, de ses limites et de sa mémoire. Il était important de ne pas en rester au cas allemand, afin de proposer des points de comparaison. Entrent ainsi en ligne de compte la perception de l’antifascisme en Italie et en France, l’histoire complexe de la résistance slovène en Autriche et les aléas d’une association internationale comme la FDIF. Le dossier croise des études historiographiques avec des analyses de documents biographiques, de figures héroïques, d’expositions, de monuments ou d’œuvres littéraires dans les perspectives des « cultural studies ».

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    n° 103 (06/2009) Crimes et génocides nazis à l'écran

    Ce dossier intitulé « Crimes et génocides nazis à l'écran » répond à plusieurs attentes. Il s'agit de faire le point sur une iconographie qui a amplement influencé les représentations de la seconde moitié du XXe siècle, faisant du motif concentrationnaire au cinéma, dans la photographie, dans l'art, un genre en soi. Les images des camps nazis, filmées à la fin de la guerre par les troupes alliées qui ont découvert les structures concentrationnaires, ont en effet joué un rôle écrasant dans l'imaginaire des années qui ont suivi. Pour certains, elles ont même fondé la modernité du cinéma. On en trouve des traces dans le film documentaire et le film romanesque, dans les films d'avant-garde et dans le cinéma populaire, dans toutes sortes de productions visuelles venues de tous horizons. On pourrait même considérer que le cinéma des quarante dernières années a impulsé plus qu'il ne l'a accompagnée l'institutionnalisation de la Shoah. Comment analyser cette insistante pénétration ?

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    N° 102 (03/2009) Criminels politiques en représentation. Arts, cinéma, théâtre...

    Les arts et la littérature ont toujours réservé une place importante aux crimes et aux grandes violences (martyres, massacres et champs de bataille), cette inclination n’a pas diminué aujourd’hui. Le théâtre a déjà, dans les années 1960, dénoncé les crimes nazis et leurs complices à travers la mise en scène des criminels eux-mêmes (L’Instruction de Peter Weiss, Le Vicaire de Rolf Hochhuth). Mais le nazisme n’est pas leur seul centre d’intérêt. Comme tout despote, Franco a eu son lot d’hagiographes et l’ambiguïté de personnages de la Phalange se retrouve jusqu'à récemment dans des romans mémoriels espagnols. À propos du Rwanda, commencent à paraître des récits qui s’attachent aux génocidaires. Sur les Khmers rouges, quelques films et bandes dessinées ont été réalisés. Ce dossier explore les différentes formes de présence des criminels politiques dans la littérature, le cinéma, le théâtre et les arts plastiques en Europe, en Afrique et en Asie. Il s’intéresse aussi à leur représentation médiatique, notamment en Argentine et en Afrique du Sud, posant la question : le bourreau est-il vraiment un témoin ?

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    N° 101 (12/2008) Quelle pédagogie, pour quelle(s) mémoire(s) ?

    Comment mettre à profit nos expériences aussi diverses que polyphoniques pour repenser aujourd’hui de façon novatrice l’ « éducation à la mémoire » ?
    La pédagogie est investie de la tâche de transmettre ce savoir particulier sur les violences extrêmes que l’on nomme désormais mémoire, terme générique et pourtant combien plurivoque. En vertu de quoi, elle se trouve régulièrement sommée d’apporter des réponses aux attentes qui traversent les sociétés modernes. Il s’agit notamment de satisfaire à la reconnaissance de mémoires qui ont depuis peu émergé et par lesquelles des communautés et des groupes sociaux cherchent à se faire identifier.
    Ce dossier porte l’interrogation sur la pédagogie de la complexité historique au regard de la pluralité des sensibilités communautaires et nationales. Il aborde la question de l’influence de l’actualité mémorielle et de la place qu'y tient la Shoah. De nombreux aspects méthodologiques y sont également abordés.

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    N° 100 (09/2008) Questions de « bourreaux »

    Aujourd’hui, les bourreaux montent plus souvent sur l’échafaud pour y être exécutés que pour y travailler.
    Le sens moderne de « bourreau » couvre un ensemble d’individus qui, des planificateurs aux exécuteurs, en passant par les nombreux intermédiaires, commettent des crimes collectifs qui marquent notre histoire. Les articles que rassemble ce dossier interrogent les bourreaux par leur légende, leur vie privée, leur Journal, leur institution et l’organisation qu’ils ont voulu mettre en place à l’intérieur des lieux où ils sévissent. Le sujet est vaste. Il ne risque pas de se périmer. Il est même d’actualité.

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